Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/47

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saccager des villages, à ramener des captifs. Pendant 30 années, les Hollandais ont guerroyé contre les indigènes d’Atjeh, qu’ils croyaient à chaque instant soumis, qui reprenaient, après chaque défaite, une lutte inlassable.

On peut dire sans crainte d’erreur, que toute colonie où la population native subsiste en nombre et garde sa vigueur, constitue un foyer de révolte. Tantôt le soulèvement s’étale au grand jour, et alors des blancs succombent dans les rencontres, si inégales que soient les armes employées. Tantôt il couve dans l’ombre, comme il arriva jadis en Nouvelle-Calédonie, pour faire une soudaine explosion, qui stupéfie les administrations, si inquisitoriales qu’on les puisse supposer.

Pour étouffer les ferments de sédition, il n’est qu’un moyen, qui consiste à supprimer les indigènes par la famine, par l’alcool, ou par les exécutions continues. Ainsi ont été détruits les Peaux-Rouges aux États-Unis, les Australiens, les Maoris de la Nouvelle-Zélande. Mais c’est la condamnation même de la colonisation qu’elle ne réussisse à se maintenir que par le crime. En fait, et nous le verrons plus amplement encore, l’expansion contemporaine ne se conçoit point en dehors de la violence initiale, de la répression sauvage, de la brutalité du commandement, des exactions de toute nature, du terrorisme officiel. Les traitements infligés aux indigènes, — en période de calme, — complètent dignement les mesures de conquête ou de coërcition temporaire.