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CHAPITRE IV

LE COÛT DES COLONIES


La conquête et l’exploitation des domaines exotiques sont des opérations coûteuses, on pourrait presque dire des caprices de luxe. Lorsque les peuples modernes s’imaginent qu’ils font de bons placements, en asservissant quelques millions de barbares, ils se trompent singulièrement. C’est du moins la conclusion qui ressort de toute brève comparaison entre les profits coloniaux et les dépenses coloniales. Mais le principe, auquel il faut se référer, pour établir pareille confrontation, n’est pas celui de l’intérêt national : seul l’intérêt de la classe possédante peut entrer ici en compte. Cette classe possédante touche les revenus intégralement, mais n’acquitte qu’une faible part de l’impôt, et encore cette faible part retombe-t-elle sur le prolétariat. Le colonialisme est une entreprise économique déplorable lorsqu’on considère l’ensemble de la nation ; il n’est plus qu’une entreprise médiocre, si l’on examine les rouages profonds du système, et si l’on songe exclusivement à ses inspirateurs et à ses bénéficiaires.

Nous avons vu que l’assujettissement des terres lointaines devait parer aux besoins du