Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/62

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On ne voit qu’une seule espèce de quadrupède sur ces îles ; elle tient du loup et du renard. Les oiseaux sont innombrables. Ils habitent indifféremment la terre et les eaux. Les lions et les loups marins sont les seuls amphibies. Toutes les côtes abondent en poissons, la plupart peu connus. Les baleines occupent la haute mer ; quelques-unes s’échouent quelquefois dans le fond des baies, où l’on voit leurs débris. D’autres ossements énormes, placés bien avant dans les terres, et que la fureur des flots n’a jamais été capable de porter si loin, prouvent ou que la mer a baissé, ou que les terres se sont élevées.

Le loup-renard, ainsi nommé parce qu’il se creuse un terrier, et que sa queue est plus longue et plus fournie de poil que celle du loup, habite dans les dunes sur le bord de la mer. Il suit le gibier et se fait des routes avec intelligence, toujours par le plus court chemin, d’une baie à l’autre ; à notre première descente à terre, nous ne doutâmes point que ce ne fussent des sentiers d’habitants. Il y a apparence que cet animal jeûne une partie de l’année, tant il est maigre et rare. Il est de la taille d’un chien ordinaire, dont il a aussi l’aboiement, mais faible. Comment a-t-il été transporté sur les îles ?

Les oiseaux et les poissons ne manquent pas d’ennemis qui troublent leur tranquillité. Ces ennemis des oiseaux sont le loup, qui détruit beaucoup d’œufs et de petits ; les aigles, les éperviers, les émouchets et les chouettes. Les poissons sont encore plus maltraités ; sans parler des baleines qui, comme on sait, ne se nourrissant que de fretin, en détruisent prodigieusement, ils ont à craindre les amphibies et une quantité d’oiseaux pêcheurs dont les uns se tiennent constamment en sentinelles sur les roches, et les autres planent sans cesse au-dessus des eaux.

Pour être en état de bien décrire les animaux qui suivent, il eût fallu beaucoup de temps et les yeux du naturaliste le plus habile. Voici les remarques les plus essentielles, étendues seulement par rapport aux animaux qui étaient de quelque utilité.

Parmi les oiseaux à pieds palmés, le cygne tient le premier rang.