Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/71

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Le chevalier de Bournand revint bientôt après et me dit qu’au sujet du salut, le comte d’Acunha lui avait répondu que lorsque quelqu’un, en rencontrant un autre dans la rue, lui ôtait son chapeau, il ne s’informait pas auparavant si cette politesse serait rendue ou non ; que si nous saluions la place, il verrait ce qu’il aurait à faire. Comme cette réponse n’en était pas une, je ne saluai point. J’appris en même temps, par un canot que m’envoya M. de la Giraudais, qu’il était dans ce port, que son départ de Rochefort,


Baie de Rio-Janeiro.

lequel devait être à la fin de décembre, avait été retardé jusqu’au commencement de février, qu’après trois mois de navigation une voie d’eau et le mauvais état de la mâture l’avaient contraint de relâcher à Montevideo, où il avait reçu, par les frégates espagnoles revenant des Malouines, des instructions sur ma marche, et qu’aussitôt il avait mis à la voile pour Rio-Janeiro, où il était mouillé depuis six jours. Cette jonction me donnait le moyen de continuer ma mission, quoique l’Étoile, en m’apportant pour treize mois de vivres en salaisons et boissons, eût à peine pour cinquante jours de pain