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KENG LUONG.

environ ; sa profondeur, très-uniforme, atteignait 26 mètres à très-peu de distance des rives ; le courant était d’un peu plus d’un mille à l’heure ; le niveau de l’eau, qui avait monté un instant sous l’influence des premières pluies, était redescendu depuis Pak Lay et paraissait être revenu à son point le plus bas. Les collines qui bordaient les rives avaient un aspect si régulier, qu’elles donnaient au fleuve l’aspect d’un canal. Une série de petites cascades tombaient de tous côtés dans ses eaux avec un bruit argentin (Voy. la vue du fleuve, p. 311).

Le 23 avril, nous rencontrâmes sur la rive gauche, à l’embouchure d’une petite rivière, le Nam Loua, un groupe de cases où nous essayâmes de renouveler notre stock de provisions de bouche qui se trouvait absolument réduit à du riz. Nous ne trouvâmes que des œufs. Le soir nous fûmes plus heureux, et nous pûmes acheter dans un village assez considérable, situé, comme le précédent, à l’embouchure d’une rivière, le Nam Neun, une quantité satisfaisante de volailles au prix de 15 centimes l’une. Dans la journée nous avions reconnu un affluent considérable de la rive droite, le Nam Houn, qui est loin d’avoir en ce point la largeur de 100 mètres que lui attribue Mouhot.


MONTAGNES CALCAIRES EN FACE DE BAN MUONG DIAP.

À partir du Nam Neun, le fleuve ne présente qu’une succession de rapides. Il se rétrécit et sa profondeur augmente rapidement : je trouvai 30 mètres, puis 60 mètres. Nous arrivions au pied de Keng Luong, l’un des passages les plus dangereux que nous eussions à franchir. Comme pour nous en montrer les périls, un cadavre, emporté par le courant, vint à ce moment passer près de nos barques. C’était celui d’un sauvage appartenant à l’une des nombreuses tribus qui habitent les montagnes voisines du fleuve. Un banc de sable et des roches s’avancent sur la rive gauche et forment au-dessous du rapide une sorte de petite baie à l’abri des remous ; ce fut là que nos barques abordèrent : il fallait les décharger complètement et leur enlever jusqu’à leurs toits en feuilles et la car-