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ORIGINE COMMUNE DES ANNAMITES ET DES LAOTIENS.

principautés laotiennes fondées par des émigrants appartenant aux tribus Pe-youe. Le royaume de Ma-mo est peut-être un empire d’origine tibétaine ; peut-être aussi faut-il y voir une création des races autochtones que nous retrouvons aujourd’hui disséminées à l’ouest du Cambodge, sous le nom de Kouys, de Mou-tse et de Khos. (Voy. ci-dessus, p. 376.)

La première année de notre ère, des députés du royaume de Youe-tchong, situé au sud du Kiao-tchi, vinrent apporter encore des faisans blancs à l’empereur de Chine[1].

En 39 (A. D.) deux sœurs annamites, nommées Trung-trac et Nhi, appelèrent à l’indépendance une partie des populations de l’ancien royaume de Nan-youe. À leur voix, le Kiao-tchi, le Fi-nan, le Ho-pou, le Kieou-tchin se soulevèrent, et Trung-trac se fit proclamer reine à Mi-ling. Ce fut le fameux général Ma-yuen qui dompta cette rébellion, un instant menaçante. Il fit élever, au sud du Kiao-tchi et aux confins de l’empire des Han, une colonne en bronze comme trophée de sa victoire. À partir de cette époque jusqu’à la chute des Thang, les Annamites, malgré quelques nouvelles tentatives de rébellion, furent gouvernés par la Chine[2] !

En 76, l’empereur Hiao-ming-ti ajouta aux frontières sud-ouest de l’empire le territoire de Yun-tchang, de Ta-ly, de Ho-kin et de Yao-tcheou[3].

À la fin de la dynastie des Han, l’empire chinois se fractionna en trois royaumes : la famille des Han ne conserva que les provinces du Cheu-si, du Se-tchouen et d’Y-tcheou. L’empereur Heou-tchou donna au prince Tchu-kouo-leang, que son père avait nommé régent de l’empire, le gouvernement de cette dernière province, dont Yun-nan était la capitale. Le gouverneur dépossédé, qui se nommait Yong-cai, appela à son aide le prince de Ou, qui régnait sur la partie méridionale de l’empire et dont la capitale était Nankin, et souleva la province de Tsang-ko. Tchu-kouo-leang vainquit Yong-cai et le fit mourir. Il eut à combattre en même temps une rébellion plus dangereuse encore, celle d’un chef, nommé Mong-ho, qui se mit à la tête des populations jadis soumises par Hiao-wou-ti. Il réussit à le faire prisonnier dans un combat. Mong-ho se plaignait d’avoir été vaincu par des embûches et non à la suite d’un combat loyal. Tchu-kouo-leang le remit en liberté et lui offrit de nouveau la lutte. Sept fois Mong-ho combattit et sept fois il fut vaincu et pris vivant par son adversaire. S’inclinant enfin devant une supériorité qu’il attribuait à un pouvoir surnaturel, il jura fidélité à l’empereur et fut institué gouverneur d’une partie des pays conquis. La province d’Y-tcheou prit le nom de Kien-ning et fut partagée en deux parties, appelées Siang-ko et Tsin-kou (A. D. 224). C’est à partir de ce moment, dit le Yuen kien louy han, que cette région couverte de forêts désertes et impraticables, commença à être défrichée, que des maisons y furent construites, que la culture du ver à soie y fut introduite. Les populations qui l’habitaient se divisaient en un grand nombre de tribus, de mœurs et d’appellations différentes[4]. La mémoire de Tchu-kouo-leang a été conservée au Yun-

  1. De Mailla, op. cit., t. III, p. 225.
  2. P. Legrand de la Liraye, op. cit., t. III, p. 327-330, 471.
  3. Ta thsing y thoung tchi, K. 368 f. 2.
  4. Yuen kien louy han, K. 232 fo 20. De Mailla, op. cit., t IV, p. 92.