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possible des blocs de dimensions uniformes, dont les joints étaient régulièrement alternés. Pour le grès, qu’on semblait tenir à honneur de laisser en gros blocs, les dimensions variaient parfois beaucoup, et l’on trouve des pièces de remplissage dans les murs des plus beaux édifices. Les trois dimensions des pierres de Bien-hoa en usage dans ce genre de construction sont en moyenne quatre-vingt-dix, cinquante et quarante centimètres. On peut en rencontrer dont la longueur atteint et dépasse même deux mètres vingt centimètres. Quant au grès, les blocs de deux mètres sur quatre-vingts et cinquante centimètres, ne sont pas rares. Quelques-uns atteignent trois mètres cinquante centimètres de longueur, sur un mètre et un mètre vingt dans les deux autres dimensions.

Ici se présente le problème mécanique du transport et de l’élévation, souvent à des hauteurs considérables, de masses dont le poids dépassait parfois 4,000 kilogrammes. Ce problème ne peut encore se résoudre d’une manière satisfaisante. Il faut se contenter pour le moment de signaler les trous ronds ou carrés que présentent presque toutes les pierres employées. Ces trous, répartis sur chacune d’elles en un ou plusieurs groupes d’une disposition assez irrégulière, sont espacés de dix à quinze centimètres : leur diamètre est de deux centimètres, et leur profondeur moyenne de trois.

La moindre réflexion démontre qu’il ne s’agit pas ici, comme le disent les habitants, de préparer une liaison des pierres à l’aide de crampons de fer, ni de couvrir les monuments d’un placage en bois ou en plomb. Les crampons ne s’emploient que dans des circonstances définies, et leurs traces sont faciles à reconnaître partout où ils ont existé. Quant aux placages, ils n’ont certainement pas été appliqués sur les murs les plus insignifiants nu sur les chaussées elles-mêmes, dont les dalles qui portent les traces des ornières creusées par les roues des chars, offrent également les mêmes trous.

D’un autre côté, aucune des pierres que l’on retrouve toutes taillées dans les carrières, ne présente la trace de ces trous. Il est donc peu probable qu’ils aient eu pour objet de faciliter le transport, et ils ne servaient sans doute qu’à la mise en place et à l’élévation des matériaux, en offrant un point d’application à des griffes, à des leviers ou à tout autre instrument.

Les murs isolés avaient une corniche et un couronnement ordinairement dentelé. Ils s’appuyaient sur deux ou trois fortes assises qui en élargissaient considérablement la base.

Les instruments qui servaient à la taille des pierres ne donnaient que peu de netteté aux parties planes, ainsi qu’on peut le voir encore sur un grand nombre de murs ou sous des voûtes inachevées. Il fallait, pour le grès surtout, obtenir le poli des surfaces par le frottement, et l’on arrivait de la sorte à un degré de perfection excessivement remarquable dont nous aurons à citer quelques exemples.

Voûtes[1]. — Aucune des voûtes qui se trouvent dans les monuments khmers étudiés jusqu’à présent ne présente une ouverture supérieure à trois mètres cinquante centimètres. Elles sont construites en encorbellement, c’est-à-dire composées de pierres superposées par assises horizontales, se rapprochant graduellement et se rejoignant d’ordinaire à la

  1. Voy. Atlas. 1re partie, planche XVIII.