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cinquième assise. La face intérieure de ces pierres restait à l’état brut, quand la voûte ne devait pas être en vue ou quand elle devait être plafonnée. Dans ce dernier cas, le plafond reposait sur des traverses portant sur les corniches des murs de soutien. Plafond et traverses étaient ordinairement en bois sculpté et doré, et l’on en retrouve des débris qui attestent une grande habileté dans ce genre de travail. Quand, au contraire, la voûte devait, rester en vue, les extrémités intérieures des pierres étaient rabattues de manière à obtenir depuis la naissance jusqu’au sommet de la voûte, une courbe ogivale, composée de segments d’une coupe élégante, dont les surfaces étaient polies avec soin et quelquefois peintes ou dorées. Telle était aussi la construction des voûtes aux premiers âges de la Grèce.

À l’extérieur, les pierres d’assise des voûtes déterminent le toit et leur surface est ondulée, de manière à présenter l’aspect de tuiles. Souvent même cette surface est recouverte de délicates sculptures, destinées à augmenter encore dans ce sens l’illusion du regard.

Les voûtes sont partout employées pour réunir soit deux murs, soit un mur et une colonnade, soit deux colonnades. Nulle part n’apparaît de plafond en pierre.

On trouve aussi des demi-voûtes qui réunissent un mur et une colonnade avancée, ou une première colonnade à une seconde moins élevée, comme on le voit au pourtour de la pagode d’Angcor et du monument de Méléa. Dans ce cas, la demi-voûte a son sommet à mi-distance de l’arête du toit supérieur au sommet du chapiteau des grandes colonnes. Des traverses en pierre réunissent celles-ci aux chapiteaux correspondants des petites. Ces traverses semblent ne pas avoir rempli le but que s’était proposé l’architecte, dans la pensée duquel la colonnade extérieure devait sans doute servir de contre-fort à l’autre. Presque partout, en effet, la petite colonnade tend à s’écarter sous le poids de la voûte, et les traverses tombent par le côté engagé dans les grandes colonnes.

Lorsque deux voûtes s’entre-croisent, leur construction reste la même. Seulement, à chaque angle, une seule pierre forme encoignure et présente une face dans chacune des deux directions.

Les architectes cambodgiens ne connaissaient sans doute aucun autre procédé de construire des voûtes, puisqu’on n’en trouve d’exemple nulle part. Mais c’est certainement à dessein que les murs de leurs galeries étaient aussi rapprochés, car, même avec le procédé qu’ils employaient, il leur eût été facile d’obtenir des voûtes plus larges.

Tours. — Ce qui vient d’être dit des voûtes suffit à faire comprendre le mode de construction des tours. Au-dessus de l’espace ménagé pour le sanctuaire ou pour toute autre convenance, règne une corniche au-dessus de laquelle les pierres s’étagent en se rapprochant par assises horizontales jusqu’au sommet, que recouvre une large pierre.

En général, la surface intérieure de la tour est brute ; elle était dissimulée par un plafond établi sur la corniche inférieure. Dans les tours de peu d’élévation et dans les tours en briques, ce plafond n’a pas existé ; on trouve alors les faces intérieures régularisées en surfaces planes convergentes.

À l’extérieur, les tours affectent des formes très-variées, mais paraissent obéir cependant à des lois générales que l’on peut formuler comme il suit.

À la base, la section de la tour est un carré ; au sommet, elle devient un cercle. La