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trale offre une légère surélévation que rachètent sur les quatre faces deux marches arrondies et concentriques. Le bras intérieur donne accès au premier étage de l’édifice.

Premier étage ou Galerie des bas-reliefs. — C’est une galerie rectangulaire à double colonnade extérieure et à mur intérieur qui, sur les faces est et ouest, reproduit, moins les tours, les principales dispositions de la galerie de l’entrée. Au lieu des passages pour les chars, elle offre, à chaque angle, des péristyles auxquels on arrive par des escaliers. La voûte intérieure a plus de 6 mètres de hauteur ; un plafond en bois était établi autrefois à une hauteur de 4,40 m[1]. Les dimensions de cette galerie, prises de seuil en seuil, sont de 178 mètres dans le sens nord et sud, et de 223 dans le sens est et ouest. Son développement total est par conséquent de 802 mètres. Sa largeur, mesurée du mur à la face intérieure des grandes colonnes, est de 2,45 m. On compte sur tout son pourtour seize péristyles qui s’ouvrent au dehors, cinq sur chacune des faces est et ouest, trois sur chacune des faces nord et sud. Les escaliers qui y conduisent sont encadrés par les moulures élargies de l’énorme soubassement sur lequel repose tout l’édifice, qui viennent former latéralement trois larges gradins. Le gradin supérieur supporte les colonnes du péristyle ; les deux autres étaient ornés de lions de pierre, dont la plupart sont aujourd’hui mutilés ou renversés de leurs socles.

Sur toute la surface du mur intérieur de la galerie règne un bas-relief qui ne s’interrompt qu’au centre et aux angles de chaque face[2]. La plupart des sujets représentés paraissent empruntés au Mahabharata ou au Ramayana[3]. Je commencerai toujours par en donner la description sommaire, accompagnée des indications que fournissent les indigènes sur les différents acteurs de ces scènes, avant d’en essayer l’interprétation.

1o Face ouest. — Au sud, sont représentés des hommes armés traversant une forêt ; les chefs sont montés sur des éléphants ou des chevaux et les corps de troupes qu’ils conduisent ont chacun une arme distincte. Les soldats qui ouvrent la marche sont vêtus de longues robes, et portent de grands boucliers recourbés. Ils sont armés de lances dont la hampe a six branches. Tous les autres ont un langouti et une veste à manches courtes. La plupart sont munis d’une sorte de cuirasse ou d’un petit bouclier appuyé sur la poitrine.

Au nord, se trouve figuré le combat des Yaks contre les singes. Le chef des Yaks est monté sur un char traîné par deux griffons, il a dix têtes et vingt bras armés chacun d’un sabre. Ses soldats sont armés de lances et de sabres. Les singes n’ont pour armes que

  1. Voy. Atlas, 1re partie, planche XVIII, une coupe de cette galerie.
  2. Des moulages en soufre de ces bas-reliefs ont été envoyés par le commandant de Lagrée à l’exposition universelle de 1867, et figurent aujourd’hui à l’exposition permanente des colonies (Palais de l’Industrie, pavillon XIV). Ils permettent de juger des dimensions et du relief de ce genre de sculpture.
  3. Quand j’ai vu ces bas-reliefs, j’étais loin de posséder les connaissances nécessaires pour en essayer l’interprétation sur les lieux mêmes. L’interprétation à distance sur de simples notes, qui ne reproduisent que le groupement des personnages sans aucun des attributs qui pourraient les faire reconnaître, m’est aujourd’hui très-difficile. Dans la description qui suit, je me suis attaché surtout à faire ressortir les indications de costume ou de types qui peuvent donner une idée du peuple ou de la civilisation qui a produit ces sculptures. Tous les noms ou tous les mots purement cambodgiens sont, la première fois, écrits dans le texte en italique.