Page:Louis Dubois - Histoire de l'abbaye de Morimond (1852).pdf/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 4 —

l’eau baptismale venait de couler, que l’église de Langres jeta ses premiers cénobites.

La fondation de Réome fut suivie bientôt de celle de la maison de Molôme, ainsi nommée de Melundœ, vieux castrum ruiné, près de Tonnerre. Des ermites, à cette époque, s’étant établis sur le mont Volut, non loin de la même ville, leurs grottes devinrent le berceau de l’abbaye de Saint-Michel[1]. À mesure que le calme se fait, les moines se rapprochent des cités. Vers l’an 509, le monastère de Saint-Bénigne semble sortir par enchantement du songe mystérieux de saint Grégoire, et aussitôt une colonie de Réome vient veiller et prier nuit et jour près du corps de l’apôtre de la Bourgogne[2]. Quelques années plus tard, Seine, fils unique du comte de Mémont, disciple de Saint-Jean-de-Réome, va aux sources de la Seine, où les bains, les villas et les temples des Romains s’écroulaient, construire quelques huttes avec des branches et du feuillage ; d’où l’abbaye de Saint-Seine tira son origine[3].

Nos vieux solitaires se sont fixés des grandes ruines soit parce qu’elles jettent l’âme dans une mélancolie religieuse, soit parce qu’elles leur offrait des matériaux et un emplacement tout prêts pour les mondes nouveaux qu’ils étaient appelés à fonder. Ainsi, on avait vu dès le principe les anachorètes chrétiens accourir de toutes parts au

  1. Lemaistre, Notice sur l’Abbaye de St-Michel près Tonnerre, le Tonnerrois, Molosme, etc. ; 3 broch. in-8o.
  2. C’est l’opinion la plus accréditée et la plus probable que les premiers moines de St-Bénigne furent tirés de St-Jean-de-Réome. Voy. Spicileg. d’Achéry, Chronic. S. Benig., p. 1 — Mangin, Hist. ecclés. et civ. du diocèse de Langres, t. 1, p. 226.
  3. L’emplacement de ce monastère et ses alentours étaient affreux : sylva densissima, nulli adhuc hominum pervia… ; les habitants étaient sauvages et barbares ; mais S. Seine les eut bientôt rendus doux comme des colombes : quos antea feroces ad columbarum mansuetudinem adduxit. — In Vit. S. Sequan., 17 sept., Brev. Div.