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milieu des débris de l’empire des Pharaons, et dresser leurs cabanes aux pieds des obélisques et des pyramides.

L’impulsion première étant donnée, l’institut monastique s’étend de proche en proche ; le duc Amalgar bâtit aux sources de la Bèze (ad fontem Besuam) deux monastères, l’un pour son fils Wandalène ou Valdalène, élevé par saint Colomban au couvent de Luxeuil, et l’autre pour sa fille Adalsinde[1]. Plusieurs maisons religieuses édifiaient déjà la ville de Langres elle-même : c’étaient Saint-Geômes, Saint-Amâtre et Saint-Fergeux.

Ces moines n’avaient rien d’uniforme dans leurs observances. L’évêque Albéric, au milieu du ixe siècle, les rangea tous sous la règle de saint Benoît ou sous celle de saint Augustin[2] ; mais les guerres des rois de Neustrie et d’ Austrasie, les hostilités des barons durant l’anarchie où fut plongé le royaume sous les faibles successeurs de Charlemagne, les incursions des Sarrazins et des Normands, avaient porté les coups les plus terribles aux institutions dont nous venons de parler. Les couvents étaient devenus la proie des favoris des rois, ou des prisons d’état pour ceux qui encouraient leur disgrâce ; on substituait des soldats aux religieux dans les cloîtres et des religieux aux soldats dans les armées. Cluny, après avoir été pendant un siècle la pépinière des grands hommes qui gouvernaient l’Église, ne ressemblait plus, dans les premières années du xiie siècle, à la maison pauvre et simple où Hildebrand était venu se retremper dans les plus dures austérités[3]. C’en était fait ; le ciel de la terre allait s’évanouir et l’esprit de communauté se perdre, lorsque la Providence appela du désert une nouvelle race monastique.

  1. D’Achéry, Spicileg., Chonic. Besuens., p. 1.
  2. Math., Hist. des évêques de Langres, p. 34.
  3. Voigt, Hist. de Grég. VII.