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Page:Louis Hachette - Instruction populaire et suffrage universel, 1861.djvu/16

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Si l’on ajoute enfin que la plus grande partie des pères et mères sont nés dans un temps où il existait peu d’écoles, on ne s’écartera pas sensiblement de la réalité en posant comme un fait que le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants qui savent lire et écrire en France ne dépasse pas de beaucoup la moitié de la population.

Mais si l’on demande maintenant combien dans cette moitié il y a d’individus qui utilisent cet admirable instrument de la lecture mis dès l’enfance entre leurs mains, et qui s’en servent pour étendre leurs connaissances et développer en eux le goût du vrai et le sentiment du beau et du bien, on sera bien obligé de répondre que l’instrument reste sans emploi et se rouille chez les neuf dixièmes au moins de ceux qui le possèdent, et qu’un dixième seulement, soit deux millions de Français au plus, en font réellement usage.


VII


Quelle plus belle tâche pourrait se proposer un gouvernement que celle de faire participer toute une population, ne fût-ce que dans des proportions très-inégales, à la jouissance de cette masse de connaissances que chaque génération contribue à grossir et qui est le plus précieux patrimoine du genre humain !

Il ne peut être question ici de former un peuple de lettrés ou de savants ; mais, ce qui est possible et ce