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César de retour à Rome (676).

IV. La République, divisée entre deux partis, était à la veille de retomber dans la guerre civile, que suscitait la divergence d’opinions des deux consuls, Lepidus et Catulus. Ils étaient prêts à en venir aux mains. Le premier, élevé au consulat contre l’avis de Sylla, mais par l’influence de Pompée, fomentait une insurrection. « Il alluma, dit Florus, le feu de la guerre civile au bûcher même du dictateur[1]. » Il voulait abroger les lois Cornéliennes, rendre aux tribuns leur puissance, aux proscrits leurs droits, aux alliés leurs terres[2]. Ces tentatives contre le régime établi par le dictateur s’accordaient avec les idées de César, et on chercha par des offres séduisantes à le mêler aux intrigues qui se tramaient alors, mais il refusa[3].

Le sénat parvint à faire jurer aux consuls de se réconcilier, et crut assurer la paix en donnant à chacun d’eux un commandement militaire. Catulus reçut le gouvernement de l’Italie, et Lepidus celui de la Gaule cisalpine. Ce dernier, avant de se rendre dans sa province, parcourut l’Étrurie, où les partisans de Marius vinrent se joindre à lui. Le sénat, instruit de ces tentatives, le rappela à Rome, vers la fin de l’année, pour tenir les comices[4]. Lepidus, laissant le préteur Brutus campé sous Modène, marcha sur Rome à la tête de son armée. Battu au pont Milvius par Catulus et Pompée, il se retira sur les côtes de l’Étrurie, et, après une nouvelle défaite, s’enfuit en Sardaigne, où il termina misérablement sa carrière[5]. Perpenna, son lieutenant, alla, avec les débris de ses troupes, rejoindre Sertorius en Espagne.

César avait eu raison de rester étranger à ces mouvements, car non-seulement le caractère de Lepidus ne lui

  1. Florus, III, xxiii.
  2. Appien, I, cvii.
  3. Suétone, César, iii.
  4. Salluste, Fragments, I, p. 363.
  5. Florus, III, xxiii.