Rome, mais des ambassadeurs de la République, étaient tombés entre leurs mains, et elle avait subi la honte de les racheter[1]. Enfin les pirates interceptaient les arrivages de blé, indispensables à l’approvisionnement de la ville. Pour remédier à un état de choses si humiliant, le tribun du peuple Aulus Gabinius proposa de confier la guerre contre les pirates à un seul général, de lui donner pour trois ans des pouvoirs étendus, des forces considérables, et de placer plusieurs lieutenants sous ses ordres[2]. L’assemblée du peuple accepta à l’instant cette proposition, malgré le caractère peu estimé de son auteur, et le nom de Pompée fut dans toutes les bouches ; mais « les sénateurs, dit Dion-Cassius, auraient mieux aimé souffrir les plus grands maux de la part des pirates que d’investir Pompée d’un tel pouvoir[3] ; » peu s’en fallut qu’ils ne missent à mort, dans la curie même, le tribun auteur de la motion. À peine la multitude eut-elle connu l’opposition des sénateurs, qu’elle accourut en foule, envahit le lieu de la séance, et les eût massacrés s’ils ne se fussent soustraits à sa fureur[4].
Le projet de loi soumis aux suffrages du peuple, attaqué par Catulus et Q. Hortensius, énergiquement appuyé par César, est alors adopté, et l’on confère pour trois ans à Pompée l’autorité proconsulaire sur toutes les mers et sur toutes les côtes jusqu’à cinquante milles dans l’intérieur ; on lui accorde 6 000 talents (35 millions)[5], vingt-cinq lieutenants, et la faculté de prendre les vaisseaux et les troupes qu’il jugerait nécessaires. Les alliés, les étrangers et les provinces furent appelés à concourir à l’expédition. On