Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/368

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fier ni les traités conclus avec les rois, ni l’échange des provinces, ni les impositions des tributs, c’était tout remettre en question. On alla encore plus loin.

Vers le mois de janvier 694[1], le tribun L. Flavius proposa de racheter et d’affecter aux vétérans de Pompée, pour y établir des colonies, le territoire déclaré domaine public en 521, et vendu depuis ; de partager entre les citoyens pauvres l’ager publicus de Volaterræ et d’Arretium, en Étrurie, confisqué par Sylla et non encore distribué[2]. Les dépenses qu’entraîneraient ces mesures devaient être couvertes par cinq années du revenu des provinces conquises[3]. Cicéron, qui désirait plaire à Pompée sans nuire aux intérêts de ceux qu’il appelait ses riches amis[4], proposa de ne pas toucher à l’ager publicus, mais d’acquérir d’autres terres avec les mêmes ressources. Néanmoins il approuvait alors la fondation de colonies, lui qui, deux ans auparavant, appelait l’attention de ses auditeurs sur le danger de pareils établissements ; il avouait qu’il fallait éloigner de Rome cette populace dangereuse, sentina urbis, lui qui autrefois avait engagé cette même populace à rester à Rome pour jouir des fêtes, des jeux, des droits de suffrage[5]. Enfin, il proposa d’acheter des propriétés particulières en laissant l’ager publicus intact, tandis que dans son discours contre Rullus il avait blâmé, comme une dérogation à toute coutume, la fondation de colonies sur des propriétés achetées à des particuliers[6]. L’éloquence de l’orateur, si prépondérante pour

  1. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xviii.
  2. Dion-Cassius, XXXVII, l.
  3. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xix.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xix.
  5. Cicéron, Deuxième discours contre la loi agraire, xxvii.
  6. « C’est que vos ancêtres ne vous ont point donné l’exemple d’acheter des terres aux particuliers pour y envoyer le peuple en colonies. Toutes les lois, jusqu’à présent, n’en ont établi que sur les domaines de la République. » (Cicéron, Deuxième discours contre la loi agraire, xxv.)