Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/369

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faire rejeter la loi de Rullus, ne réussit pas à faire adopter celle de Flavius : elle fut attaquée avec une telle violence par le consul Metellus, que le tribun le fit mettre en prison ; mais, cet acte de rigueur ayant soulevé une réprobation générale, Pompée eut peur du scandale : il fit dire à Flavius de remettre le consul en liberté et abandonna la loi. Blessé alors de tant d’injustices, voyant son prestige diminué, le vainqueur de Mithridate regretta d’avoir licencié son armée, et résolut de s’entendre avec Clodius, qui jouissait d’une grande popularité[1].

Vers la même époque, Metellus Nepos, revenu une seconde fois en Italie avec Pompée, fut nommé préteur, et fit abolir par une loi tous les péages de l’Italie, dont la perception excitait de vives réclamations. Cette mesure, inspirée probablement par Pompée et César, fut approuvée par tous ; cependant le sénat tenta, mais vainement, d’effacer de la loi le nom de son auteur, ce qui montre, suivant Dion-Cassius, que cette assemblée n’acceptait rien de ses adversaires, pas même un bienfait[2].


Marche fatale des événements.

X. Ainsi toutes les forces de la société, paralysées par les divisions intestines, impuissantes à produire le bien, semblaient ne se ranimer que pour lui faire obstacle ; la gloire militaire comme l’éloquence, ces deux instruments de la puissance romaine, n’inspiraient plus que défiance et jalousie. Le triomphe des généraux semblait bien moins un succès pour la République qu’une satisfaction personnelle. Le talent de la parole exerçait encore tout son empire, tant que l’orateur était à la tribune ; mais à peine en était-il descendu que le prestige s’évanouissait, et le sentiment public restait indifférent à de magnifiques artifices de langage

  1. Plutarque, Caton d’Utique, xxxvi.
  2. Dion-Cassius, XXXVII, li.