Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/371

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lieu de suivre après la victoire l’exemple donné après la défaite par l’ancien sénat, qui remerciait Varron de n’avoir pas désespéré du salut de la République, le sénat se montre ingrat envers Pompée, ne lui tient aucun compte de sa modération ; et, quand il peut le compromettre, l’enchaîner même par les liens de la reconnaissance, il repousse ses plus légitimes demandes, et ce refus apprend aux généraux à venir que, lorsqu’ils retourneront à Rome après avoir agrandi le territoire de la République, après avoir doublé les revenus de l’État, s’ils congédient leur armée, on leur contestera l’approbation de leurs actes, et on marchandera aux soldats la récompense due à leurs glorieux travaux.

Cicéron, lui-même, qui veut maintenir l’ancien état de choses, vient le saper par sa parole. Dans ses harangues contre Verrès, il signale et la vénalité du sénat, et les exactions dont se plaignent les provinces ; dans d’autres, il dévoile de la manière la plus effrayante la corruption des mœurs, le trafic des emplois et le défaut de patriotisme parmi les hautes classes ; en parlant pour la loi Manilia, il soutient qu’il faut un pouvoir fort dans les mains d’un seul, afin d’assurer l’ordre en Italie et la gloire à l’extérieur, et c’est lorsqu’il a employé toute son éloquence à montrer l’excès du mal et l’efficacité du remède, qu’il croit pouvoir arrêter l’opinion publique par le froid conseil de l’immobilité.

Caton déclarait ne vouloir aucune espèce d’innovations, et il les rendait plus indispensables par sa propre résistance ; non moins que Cicéron, il jetait le blâme sur les vices de la société ; mais, tandis que celui-ci variait souvent par l’inconstance de son esprit, Caton, avec la ténacité systématique d’un stoïcien, demeurait inflexible dans l’application de principes absolus ; il combattait même les projets les plus utiles, et, empêchant toute concession, rendait les haines comme les factions irréconciliables. Il avait séparé