Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/385

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sort a voulu, que les nations fussent soumises à un seul peuple, le devoir de ce peuple, exécuteur des décrets éternels, est d’être envers les vaincus juste et équitable comme la divinité, puisqu’il est inexorable comme le destin. — Comment mettre un terme à l’arbitraire des proconsuls ou des propréteurs, que toutes les lois promulguées depuis tant d’années ont été incapables de réprimer ? Comment empêcher les exactions commises sur tous les points de l’Empire, si une direction plus stable et plus forte n’émane pas du pouvoir central ? — La République suit sans règle un système d’envahissement qui épuisera ses ressources : il est impossible de combattre tous les peuples à la fois et de maintenir les alliés dans l’obéissance, si, par d’injustes traitements, on les pousse à la rébellion. Il faut diminuer le nombre des adversaires de la République en rendant la liberté aux cités qui en sont dignes[1], et reconnaître comme amis du peuple romain les royaumes avec lesquels il y a chance de vivre en paix[2]. Les ennemis les plus dangereux sont les Gaulois, et c’est contre ce peuple guerrier et turbulent qu’il importe de diriger toutes les forces de l’État. — En Italie, et sous ce nom on doit comprendre la Gaule cisalpine, combien de citoyens privés des droits politiques ! À Rome, combien de prolétaires vivant de l’aumône des riches ou de l’État ! Pourquoi ne pas étendre jusqu’aux Alpes la commune romaine, et pourquoi ne pas augmenter la race des laboureurs et des soldats en les rendant propriétaires ? Il faut relever le peuple romain à ses propres yeux et la République aux yeux de l’univers ! — La liberté absolue de la parole et du vote était un grand bienfait, lorsque, tempérée par les mœurs, contenue par une aristocratie puissante, elle développait les facultés de chacun sans nuire à la prospérité de tous ; mais,

  1. César, consul et dictateur, déclara libres plusieurs cités étrangères.
  2. On verra, dans le chapitre suivant, que César fit reconnaître comme amis du peuple romain Aulète, roi d’Égypte, et Arioviste, roi des Germains.