Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/396

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César ne se laissa pas arrêter par ce scrupule religieux, qui, d’ailleurs, avait perdu de son autorité. Lucrèce, à cette époque, écrivait un poème audacieux contre la crédulité populaire, et depuis longtemps l’observation des auspices était regardée comme une superstition puérile ; deux siècles et demi auparavant, un grand capitaine en avait donné une preuve éclatante. Annibal, réfugié auprès du roi Prusias, l’engageait à accepter ses plans de campagne contre les Romains ; le roi refusait parce que les auspices n’avaient point été favorables. « Eh quoi ! s’écria alors Annibal, avez-vous plus de confiance dans un méchant foie de veau que dans l’expérience d’un vieux général comme moi[1] ? »

Quoi qu’il en soit, l’obligation de ne point tenir de comices lorsqu’un magistrat observait le ciel était une loi, et, pour se disculper de ne l’avoir pas observée, comme pour empêcher que ses actes ne fussent déclarés nuls, César, avant de sortir de charge, porta la question au sénat, et fit ainsi légitimer sa conduite.

La loi adoptée par le peuple, chaque sénateur fut appelé à venir en jurer l’observation. Plusieurs membres, et, entre autres, Q. Metellus Celer, M. Caton et M. Favonius[2], avaient déclaré ne vouloir jamais s’y soumettre ; mais, le jour de prêter serment arrivé, les protestations s’évanouirent devant la crainte de la peine établie contre les

    n’était plus permis de délibérer. Jupiter lançant la foudre ou la pluie, on ne peut plus traiter des affaires avec le peuple : tel était le texte de la loi religieuse ou politique rendue en 597. Il n’était pas nécessaire qu’il tonnât ou qu’il plût en effet ; l’affirmation d’un magistrat ayant qualité pour observer le ciel suffisait. (Cicéron, Discours pour Sextius, xv ; — Discours sur les provinces consulaires, xix. — Asconius, In Pison. p. 9, éd. Orelli. — Orelli, tables de son édition de Cicéron, VIII, 126, Index legum, articles Lois Ælia et Fufia.)

  1. Valère Maxime, III, vii, 6.
  2. Plutarque, Caton, xxxvii.