Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/69

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quelles il voulait conférer les magistratures, car, pour entrer en fonctions, les consuls et les préteurs devaient soumettre leurs pouvoirs à la sanction des curies (lex curiata de imperio)[1]. Il était donc possible à la noblesse de faire revenir sur les élections qui lui déplaisaient ; c’est ce qu’explique Cicéron dans les termes suivants, tout en présentant cette mesure sous un jour favorable au peuple : « Vos ancêtres exigeaient deux fois vos suffrages pour toutes vos magistratures, car, lorsqu’on proposait en faveur des magistrats patriciens une loi curiate, on votait en réalité une seconde fois sur les mêmes personnes, de sorte que le peuple, s’il venait à se repentir de ses préférences, avait la faculté d’y renoncer[2]. »

La dictature était aussi un levier laissé aux mains de la noblesse pour faire tomber les oppositions et influencer les comices. Le dictateur n’était jamais élu, mais nommé par un consul[3]. Dans l’espace de vingt-six ans seulement, de 390 à 416, il y eut dix-huit dictateurs.

Le sénat restait donc tout-puissant malgré la victoire des plébéiens, car, indépendamment des moyens mis à sa disposition, il était le maître d’éluder les plébiscites dont l’exécution lui était confiée. Si l’influence d’une classe prédominante tempérait l’usage de la liberté politique, les lois restreignaient plus encore la liberté individuelle. Ainsi, non-seulement tous les membres de la famille étaient soumis à l’autorité absolue du chef, mais encore chaque citoyen était tenu d’obéir à une foule d’obligations rigoureuses[4]. Le

  1. Les consuls et les préteurs ne pouvaient assembler les comices, commander les armées, juger en dernier ressort dans les affaires civiles, qu’après avoir été investis de l’imperium et du droit de prendre les auspices (jus auspiciorum) par une loi curiate.
  2. Deuxième discours sur la loi agraire, ix.
  3. Tite-Live, IV, xxxi.
  4. Si un citoyen refusait de donner son nom pour le recrutement, ses biens étaient confisqués ; s’il ne payait pas ses créanciers, il était vendu comme