Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/70

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censeur surveillait la pureté des mariages, l’éducation des enfants, le traitement des esclaves et des clients, la culture des champs[1]. « Les Romains ne croyaient pas, dit Plutarque, qu’on dût laisser à chaque particulier la liberté de se marier, d’avoir des enfants, de choisir son genre de vie, de faire des festins, enfin de suivre ses désirs et ses goûts, sans subir une inspection et un jugement préalables[2]. »

L’état de Rome ressemblait alors beaucoup à celui de l’Angleterre avant sa réforme électorale. Depuis plusieurs siècles, on vantait la constitution anglaise comme le palladium de la liberté, quoique alors, comme à Rome, la naissance et la fortune fussent la source unique des honneurs et de la puissance. Dans les deux pays l’aristocratie, maîtresse des élections par la brigue, par l’argent ou par les bourgs pourris, faisait nommer, à Rome des patriciens, au Parlement des membres de la noblesse, et, faute d’un cens élevé, on n’était citoyen dans aucun des deux pays. Néanmoins, si le peuple, en Angleterre, n’avait point de part à la direction des affaires, on vantait avec raison, avant 1789, une liberté qui retentissait avec éclat au milieu de l’atmosphère silencieuse des États du continent. L’observateur désintéressé n’examine pas si la scène où se discutent les graves questions politiques est plus ou moins vaste, si les acteurs sont plus ou moins nombreux : il n’est frappé que de la grandeur

    esclave. — Il était interdit aux femmes de boire du vin (Polybe, VI, ii) ; le nombre des convives qu’on pouvait admettre dans les festins était réglé. (Athénée, VII, xxi, p. 274.) Les magistrats qui entraient en charge ne pouvaient accepter d’invitations à dîner que chez certaines personnes désignées. (Aulu-Gelle, II, xxiv. — Macrobe, II, xiii.) Le mariage avec une plébéienne ou une étrangère était entouré de mesures restrictives ; il était détendu avec une esclave ou une affranchie. Le célibat, à un certain âge, était puni d’une amende. (Valère Maxime, II, ix, 1.) Il existait des règlements pour le deuil et les funérailles. (Cicéron, Des Lois, II, 24.)

  1. Aulu-Gelle, IV, xii.
  2. Plutarque, Caton le Censeur, xxiii.