Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/104

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combat du côté où les Germains semblaient moins forts. Au signal donné, les légions s’élancent en avant ; l’ennemi, de son côté, se précipite à leur rencontre. De part et d’autre l’impétuosité est si grande que les Romains, n’ayant pas le temps de se servir du pilum, le jettent et combattent de près avec l’épée. Mais les Germains, suivant leur coutume, pour résister à une attaque de ce genre, se forment rapidement en phalanges de trois à quatre cents hommes[1] et couvrent leurs têtes nues de leurs boucliers. Ils sont si serrés que, même morts, ils restent encore debout[2]. Telle fut l’ardeur des légionnaires, que plusieurs s’élancèrent sur ces espèces de tortues, arrachant les boucliers et frappant d’en haut les ennemis[3]. L’épée courte et acérée des Romains avait l’avantage contre les longues épées des Germains[4]. Toutefois, d’après Appien, les légions durent surtout la victoire à la supériorité de leur tactique et à l’ordre qu’elles gardaient dans les rangs[5]. La gauche d’Arioviste ne résista pas longtemps ; mais, tandis qu’elle était repoussée et mise en fuite, la droite, formée de masses profondes, pressait vivement les Romains. Le jeune P. Crassus, chef de la cavalerie, éloigné de la mêlée et mieux placé pour juger des incidents de la bataille, s’en aperçut, envoya la troisième ligne au secours des légions ébranlées, et rétablit le

  1. Dion-Cassius, XXXVIII, xlix. Nous avons adopté la version de Dion-Cassius, ne pouvant admettre avec Orose qu’une armée de plus de cent mille hommes ne formât qu’une seule phalange.
  2. Dion-Cassius, XXXVIII, xlix.
  3. Orose s’exprime ainsi : « Réunis en une phalange et la tête protégée par leurs boucliers, ils tentèrent ainsi à couvert de rompre les lignes romaines ; mais quelques Romains, non moins agiles qu’audacieux, se précipitèrent sur cette espèce de tortue, prirent les soldats germains corps à corps, leur arrachèrent leurs boucliers, dont ils étaient recouverts comme avec des écailles, et leur transpercèrent les épaules. » (Orose, VI, vii).
  4. Dion-Cassius, XXXVIII, xlix.
  5. Appien, Guerre celtique, IV, i, 3.