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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/137

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ment à sec et présentait alors aux assiégeants une sorte de place d’armes utile pour l’attaque[1].

À l’aide de ces longs et pénibles travaux, qui élevaient les digues à la hauteur des murailles, les Romains réussirent à s’emparer de plusieurs oppidums. Mais tant de fatigues étaient en pure perte ; car, aussitôt que les Vénètes croyaient leur sûreté compromise, ils évacuaient la place, s’embarquaient avec tous leurs biens sur leurs nombreux vaisseaux et se retiraient dans les oppidums voisins, dont la situation leur offrait les mêmes avantages pour une résistance nouvelle.

La plus grande partie de la belle saison s’était ainsi écoulée. César, comprenant alors que le secours de ses navires lui était indispensable, résolut de suspendre, jusqu’à l’arrivée de sa flotte, ces opérations de guerre pénibles et infructueuses, et, pour être à portée de la recevoir, il s’établit au sud de la baie de Quiberon, près de la côte, sur les hauteurs de Saint-Gildas. (Voir planche 12.)

Les vaisseaux de la flotte, retenus par des vents contraires, n’avaient pas encore pu sortir de l’embouchure de la Loire. Comme les Vénètes l’avaient prévu, ils naviguaient avec peine sur cette vaste mer, sujette à de hautes marées et presque entièrement dépourvue de ports. L’inexpérience des matelots et la forme même des navires ajoutaient aux difficultés.

Les vaisseaux ennemis, au contraire, étaient faits et armés de manière à lutter contre tous les obstacles ; plus plats que ceux des Romains, ils avaient moins à redouter les bas-fonds et la marée basse. Construits en chêne, ils étaient à l’épreuve des chocs les plus violents ; l’avant et l’arrière, très-élevés, leur permettaient d’affronter les plus fortes lames. Les baux (transtra), faits de poutres d'un pied d'épaisseur, étaient fixés avec des clous

  1. J’emprunte cette interprétation des travaux des Romains au livre si instructif du général Gœler.