Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/138

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en fer de la grosseur d’un pouce ; et les ancres étaient retenues par des chaînes de fer, au lieu de câbles ; des peaux molles, très-amincies, servaient de voiles, soit que ces peuples manquassent de lin ou en ignorassent l’usage, soit plutôt qu’ils regardassent la toile comme insuffisante pour supporter, avec des navires si pesants, l’impétuosité des vents de l’Océan. Les navires romains ne l’emportaient que par l’agilité et l’impulsion des rames. Pour tout le reste, ceux des Vénètes étaient mieux appropriés à la nature des lieux et à la grosse mer. Par la solidité de leur construction, ils résistaient aux éperons, et par leur hauteur ils étaient à l’abri des traits et difficilement saisissables aux grappins (copulæ)[1].


Combat naval contre les Vénètes.

III. La flotte romaine, grâce à un vent d’est ou de nord-est, put enfin mettre à la voile[2]. Elle déboucha de la Loire

  1. Guerre des Gaules, III, xiii. — Strabon, IV, p. 162.
  2. La flotte des Vénètes, supérieure à celle des Romains par le nombre, par la grandeur des bâtiments, par le gréement et la voilure, a dû, en sortant de la rivière d’Auray par le goulet du Morbihan, venir au-devant de Brutus pour le combattre, et non l’attendre au fond d’une baie, où elle n’avait plus de retraite possible. C’est ce qui résulte du récit de César : Ex portu profectæ, nostris adversæ constiterunt. D’après le mémoire de M. le comte de Grand-pré, capitaine de vaisseau, inséré au Recueil de la Société des antiquaires de France, t. II, 1820, le vent devait être est ou nord-est, car on se trouvait vers la fin de l’été. Il paraît que ces vents règnent ordinairement à cette époque, et, lorsqu’ils ont soufflé le matin, il y a calme plat vers le milieu du jour ; c’est ce qui arriva lors de ce combat : le calme survint peut-être vers midi. Il fallait, d’ailleurs, que les vents fussent entre le nord et l’est pour permettre, d’un côté, à la flotte romaine de sortir de la Loire et de faire voile vers la pointe Saint-Jacques, et, de l’autre, à la flotte des Vénètes, de quitter la rivière d’Auray. Ces derniers, dans cette position, pouvaient, en cas d’échec, se réfugier dans la baie de Quiberon ou prendre la fuite vers la haute mer, où les Romains n’auraient pas osé les suivre.

    Avec des vents soufflant d’aval, n’importe de quel point, les Romains ne pouvaient venir chercher leurs ennemis, ni ces derniers se porter à leur ren-