Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/139

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et se dirigea vers la baie de Quiberon et la pointe Saint-Jacques. (Voir planche 12.) Dès que les Vénètes l’aperçurent, ils firent sortir du port formé par la rivière d’Auray deux cent vingt navires bien armés et bien équipés, qui s’avancèrent à sa rencontre. Pendant ce temps, la flotte romaine parvint à la pointe Saint-Jacques, où elle se rangea en ordre de combat près du rivage. Celle des Vénètes se plaça en face d’elle. La bataille s’engagea sous les yeux mêmes de César et de ses troupes, qui occupaient les hauteurs de la côte.

C’était la première fois qu’une flotte romaine paraissait sur l’Océan. Tout contribua à déconcerter Brutus, ainsi que les tribuns des soldats et les centurions qui commandaient chaque vaisseau : l’impuissance des éperons contre les navires gaulois, la hauteur des poupes ennemies, qui dominaient même les tours élevées des vaisseaux romains, enfin l’inefficacité des traits lancés de bas en haut. Les chefs militaires hésitaient et avaient déjà éprouvé quelques pertes[1], lorsque, pour remédier à l’infériorité de leurs

    contre. En supposant que, dans une marée, la flotte romaine fût arrivée jusqu’à l’embouchure de la Loire vers cinq heures du matin, elle pouvait se trouver vers dix heures, moment où commença le combat, entre Haedik et Sarzeau. En supposant de même que, dès cinq heures du matin, on ait signalé aux Vénètes l’approche de la flotte romaine, ils ont pu, en cinq heures, sortir de la rivière d’Auray, défiler par le goulet du Morbihan, se rallier et marcher en bataille à la rencontre des Romains, dans les parages désignés ci-dessus.

    Quant à l’endroit où campait César, il est très-probable, comme nous l’avons dit, que ce fut sur les hauteurs de Saint-Gildas ; car de là il voyait les dispositions de l’ennemi, apercevait de loin l’arrivée de sa flotte ; en cas d’échec, les vaisseaux romains trouvaient, sous sa protection, un asile dans la Vilaine. Ainsi, il avait ses derrières assurés, s’appuyait sur les villes de la côte qu’il avait prises, pouvait rappeler, s’il le fallait, Titurius Sabinus, et, enfin, passer la Vilaine pour mettre cette rivière entre lui et ses ennemis. Placé, au contraire, de l’autre côté de la baie de Quiberon, il aurait été enfermé dans un pays ennemi, et n’aurait eu aucun des avantages que lui offrait la position de Saint-Gildas.

  1. Dion-Cassius, XXXIX, xli.