Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous un jeune chef, éloignées de leur général et des autres légions. Enfin, la victoire resta aux Romains. Crassus poursuivit sa marche, et, arrivé devant l’oppidum des Sotiates (ville de Sos), tenta de l’enlever par un coup de main ; mais la résistance énergique qui lui fut opposée le força de recourir aux galeries couvertes et aux tours. Les ennemis tantôt faisaient des sorties, tantôt creusaient des galeries souterraines poussées jusque sous les ouvrages des assiégeants (travail familier aux Aquitains, à cause des nombreuses mines qu’ils exploitaient) ; toutefois, leurs efforts échouant contre l’activité des soldats romains, ils demandèrent à se rendre. Crassus accepta leur soumission, et les Sotiates livrèrent leurs armes. Sur ces entrefaites, Adiatunnus[1], chef suprême du pays, suivi de six cents hommes éprouvés, appelés soldures, tenta une sortie d’un autre côté de la ville. Aux clameurs qui s’élevèrent, les Romains coururent aux armes ; et, après une lutte des plus vives, ils le rejetèrent dans l’oppidum ; cependant Crassus lui accorda les mêmes conditions qu’aux autres.

Les armes et les otages reçus, Crassus partit pour le pays des Vasates et des Tarusates. Mais les barbares, loin de se décourager de la chute si prompte d’un oppidum fortifié par la nature et par l’art, se liguent entre eux, lèvent des troupes et demandent aux peuples de l’Espagne citérieure limitrophe de l’Aquitaine, des secours et des chefs. Anciens compagnons d’armes de Q. Sertorius, ces chefs jouissaient d’une grande réputation militaire, et, dans leurs dispositions comme dans la manière de fortifier leurs camps, imitaient les Romains. Crassus avait trop peu de troupes pour les étendre au loin ; tandis que les ennemis lançaient de tous côtés des détachements qui interceptaient les vivres.

  1. Nicolas de Damas (dans Athénée, Banquet des Sophistes, VI, 249) écrit ainsi le nom du roi Adiatomus, et ajoute que les soldurii étaient vêtus d’habits royaux.