Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/153

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le confluent de ces deux fleuves, dans la partie la plus reculée du pays des Ménapiens, et ils s’étaient établis sur la rivière de la Niers, dans les plaines de Goch. César, de son côté, à partir de Venloo, avait appuyé à droite pour marcher à la rencontre de l’ennemi. Comme au nord de la Rœr il n’existe, entre le Rhin et la Meuse, aucun autre cours d’eau que la Niers, il dut évidemment s’avancer jusqu’à cette rivière pour trouver de l’eau : il en était à quatre milles lorsqu’il rencontra, vers Strælen, la députation germaine.

L’avant-garde, forte de cinq mille chevaux, marchait sans défiance, comptant sur la trêve convenue. Tout à coup huit cents cavaliers, les seuls dont disposassent les Germains, depuis que la majeure partie de leur cavalerie avait passé la Meuse, se précipitent sur celle de César du plus loin qu’ils l’aperçoivent. En un instant le désordre se met dans ses rangs. À peine s’est-elle reformée que, suivant leur coutume, les cavaliers germains s’élancent à terre, éventrent les chevaux, renversent les hommes, qui fuient épouvantés jusqu’à la vue des légions. Soixante et quatorze cavaliers périrent, parmi lesquels l’Aquitain Pison, homme d’une haute naissance et d’un grand courage, dont l’aïeul avait exercé le pouvoir souverain dans son pays et obtenu du sénat le titre d’ami. Son frère, en voulant le sauver, se fit tuer avec lui.

Cette attaque était une violation flagrante de la trêve, aussi César résolut-il de ne plus entrer en négociation avec un ennemi si déloyal. Frappé de l’impression produite, par ce seul combat, sur l’esprit mobile des Gaulois, il ne voulut pas leur laisser le temps de la réflexion, et se décida à ne plus différer la bataille ; d’ailleurs donner aux Germains le loisir d’attendre le retour de leur cavalerie eût été insensé. Le lendemain matin leurs chefs vinrent au camp en grand nombre comme pour se justifier de l’attaque de la veille