Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/154

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malgré la convention, mais, en réalité, pour obtenir par supercherie une prolongation de la trêve. César, satisfait de les voir se livrer d’eux-mêmes, crut devoir user de représailles, et ordonna de les arrêter. L’armée romaine, alors campée sur la Niers, n’était plus qu’à huit milles des Germains[1].


Déroute des Usipètes et des Tenctères.

II. César fit sortir toutes les troupes de son camp, forma l’infanterie sur trois lignes[2], et plaça à l’arrière-garde la cavalerie, encore intimidée par le dernier combat. Après avoir parcouru rapidement la distance qui le séparait des Germains, il les atteignit à l’improviste. Frappés de terreur à l’apparition subite de l’armée, déconcertés par l’absence de leurs chefs, ils n’eurent le temps ni de délibérer ni de prendre les armes, et hésitèrent un moment entre le parti de la fuite et celui de la résistance[3]. Tandis que les cris et le désordre annoncent leur frayeur, les Romains, animés par la perfidie de la veille, fondent sur leur camp. Ceux des Germains qui peuvent assez promptement courir aux armes tentent de se défendre, et combattent entre les bagages et les chariots. Mais les femmes et les enfants se sauvent de tous côtés. César lance la cavalerie à leur poursuite. Dès que les barbares qui luttaient encore entendent derrière eux les cris des fuyards et voient le massacre des leurs, ils jettent les armes, abandonnent les enseignes, et se précipitent hors du camp. Ils ne cessent de fuir que parvenus au confluent du Rhin et de la Meuse, où les uns sont massacrés et les

  1. Guerre des Gaules, IV, xiii.
  2. « Acie triplici instituta. » Quelques auteurs ont traduit ces mots par l’armée fut formée en trois colonnes, mais César, opérant dans un pays totalement découvert et plat, et voulant surprendre une grande masse d’ennemis, devait marcher en ordre de bataille, ce qui n’empêchait pas chaque cohorte d’être en colonne.
  3. Atteints à l’improviste dans l’après-midi pendant qu’ils dormaient (Dion-Cassius, XXXIX, xlviii).