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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/156

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champ de bataille il remonta donc la vallée du Rhin ; il suivit une direction indiquée par les localités ci-après : Gueldres, Crefeld, Neuss, Cologne et Bonn. (Voir planche 14.) Avant tout, l’intention de César était d’arrêter cet entraînement des Germains à se jeter sur la Gaule, de leur inspirer des craintes pour leur propre sûreté, et de leur prouver que l’armée romaine oserait et pourrait franchir un grand fleuve. Il avait d’ailleurs un motif plausible pour pénétrer en Germanie, c’était le refus des Sicambres de lui livrer les cavaliers Usipètes et Tenctères qui s’étaient réfugiés chez eux après la bataille. À sa demande, les Sicambres avaient

    niers peuples, le point de passage le plus probable. Jusqu’ici on avait adopté Cologne ; mais, pour répondre aux données des Commentaires, Cologne nous semble beaucoup trop au nord. Effectivement dans la campagne de 701, César, parti des bords du Rhin, traversa de l’est à l’ouest la forêt des Ardennes, passa à proximité des Sègnes et des Condruses, puisqu’ils le supplièrent d’épargner leur territoire, et se dirigea sur Tongres. S’il était parti de Cologne, il n’aurait pas traversé les contrées dont il est question. De plus, dans cette même année, 2 000 cavaliers Sicambres franchirent le Rhin à 30 milles au-dessous du pont de l’armée romaine. Or, si ce pont avait été construit à Cologne, le point de passage des Sicambres à 30 milles en aval se serait trouvé à une très-grande distance de Tongres, où cependant ils semblent être arrivés assez rapidement.

    Tout s’explique, au contraire, si l’on adopte Bonn comme point de passage. Pour aller de Bonn à Tongres, César se dirigeait, ainsi que le veut le texte, à travers la forêt des Ardennes ; il passait chez les Sègnes et les Condruses, ou tout près d’eux ; et les Sicambres, franchissant le Rhin à 30 milles au-dessous de Bonn, débouchaient par la ligne la plus courte du Rhin à Tongres. D’ailleurs on ne peut placer le point de passage de César, ni plus bas, ni plus haut que Bonn. Plus bas, c’est-à-dire vers le nord, les divers incidents relatés dans les Commentaires sont sans application possible au théâtre des événements ; plus haut, vers le sud, de Bonn à Mayence, le Rhin coule sur un lit rocheux où les pilots n’auraient pu être enfoncés, et n’offre, entre les montagnes qui le bordent, aucun point de passage favorable. Ajoutons que César se serait éloigné beaucoup trop du pays des Sicambres, dont le châtiment était le motif avoué de son expédition.

    Un fait mérite aussi d’être pris en considération : c’est que, moins de cinquante ans après les campagnes de César, Drusus, pour se porter contre les Sicambres, c’est-à-dire contre le même peuple que César se proposait de combattre, traversa le Rhin à Bonn (Florus, IV, xii.)