Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/185

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foule de suppositions contraires. On a proposé tour à tour Saint-Léonard, près d’Hastings, Richborough (Rutupiæ), près de Sandwich, Lymne, près de Hythe, enfin Deal.

La première localité nous semble devoir être rejetée, car elle ne répond à aucune des conditions du récit des Commentaires, qui nous font connaître qu’à la seconde expédition la flotte mit à la voile par une brise du sud-ouest ; or c’est le moins favorable de tous les vents pour se diriger vers Hastings, en partant des côtes du département du Pas-de-Calais. Dans cette même traversée, César, après avoir été entraîné hors de sa route pendant quatre heures de nuit, s’aperçut, au lever du jour, qu’il avait laissé la Bretagne sur sa gauche. Ce fait ne se comprendrait nullement s’il s’était proposé de débarquer à Saint-Léonard. Quant à Richborough, ce port est beaucoup trop au nord ; pourquoi César serait-il remonté jusqu’à Sandwich, puisqu’il pouvait débarquer à Walmer et à Deal ? Lymne, ou plutôt Romney-Marsh, ne saurait mieux convenir. Cette plage est tout à fait impropre à un débarquement, et aucun des détails fournis par les Commentaires ne peut s’y appliquer[1].

  1. Ce qu’on appelle aujourd’hui Romney-Marsh est la partie septentrionale d’une vaste plaine limitée à l’est et au sud par la mer, à l’ouest et au nord par la ligne des hauteurs au pied desquelles a été creusé le canal militaire. Il est difficile de savoir quel était l’aspect de Romney-Marsh au temps de César. Cependant le peu d’élévation de la plaine au-dessus du niveau de la mer, ainsi que la nature du sol, porte à conclure que la mer la recouvrait jadis jusqu’au pied des hauteurs de Lymne, excepté toutefois dans la partie appelée le Dymchurch-Wall. C’est une longue langue de terre sur laquelle s’élèvent aujourd’hui trois forts et neuf batteries, et qui, vu sa hauteur au-dessus du reste de la plaine, n’a certainement jamais été recouverte par la mer. Ces faits paraissent confirmés par une ancienne carte de la collection Cottonienne, que possède le Musée Britannique.

    M. Lewin semble avoir, dans la planche qui accompagne son ouvrage, reproduit aussi exactement que possible l’aspect de Romney-Marsh à l’époque de César. La partie non recouverte par la mer s’étendait, sans nul doute, comme il l’indique, depuis la baie de Romney jusque vers Hythe, où elle se terminait