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Destruction d’une partie de la flotte.

IV. Le lendemain matin, il partagea l’infanterie et la cavalerie en trois corps, et les envoya séparément à la poursuite de l’ennemi. Les troupes avaient fait un assez long trajet, et déjà les derniers fuyards étaient en vue, lorsque des cavaliers expédiés par Q. Atrius vinrent annoncer que, la nuit précédente, une violente tempête avait endommagé et jeté sur la côte presque tous les vaisseaux : ni ancres ni cordages n’avaient pu résister ; les efforts des pilotes et des matelots étaient demeurés impuissants, et le choc des vaisseaux entre eux avait causé de graves avaries. À cette nouvelle, César rappela ses troupes, leur ordonna de se borner à repousser l’ennemi tout en se retirant, et les devança pour revenir à sa flotte. Il constata l’exactitude des pertes annoncées : quarante navires environ étaient détruits, et la réparation des autres exigeait un long travail. Il prit les ouvriers attachés aux légions, en fit venir du continent, et écrivit à Labienus de construire, avec ses troupes, le plus grand nombre possible de vaisseaux ; enfin, voulant mettre sa flotte à l’abri de tout danger, il résolut, malgré la peine qui devait en résulter, de haler à terre tous les vaisseaux et de les enfermer dans le camp par un nouveau retranchement[1]. Les soldats employèrent dix jours entiers à ce travail, sans l’interrompre, même la nuit[2].

  1. Il nous a paru intéressant de chercher à nous expliquer comment César put réunir la flotte au camp.

    Le camp romain devait être sur un terrain plat, pour qu’il fût possible de tirer les navires de la flotte. En supposant que chaque navire eût en moyenne vingt-cinq mètres de longueur sur six mètres de largeur, et que les huit cents navires composant la flotte eussent été placés à deux mètres les uns des autres sur cinq lignes distantes entre elles de trois mètres, la flotte aurait couvert un rectangle de 1.280 mètres sur 140, relié au camp par d’autres tranchées. Il est bien entendu que les bateaux les plus légers auraient formé la ligne la plus éloignée de la mer.

  2. Guerre des Gaules, V, xi.