Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/224

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loppés d’ennemis, ils se dégagèrent mutuellement plusieurs fois, et rentrèrent au camp sans blessures. Les armes défensives permettaient alors au courage individuel de réaliser des prodiges.

Cependant le siège se prolongeait, et le nombre des défenseurs diminuait chaque jour ; les vivres commençaient à manquer ainsi que les choses nécessaires pour soigner les blessés[1]. Les fréquents messagers que Cicéron envoyait à César étaient arrêtés en route et quelques-uns cruellement mis à mort à la vue du camp. Enfin Verticon, chef nervien qui avait embrassé la cause des romains, décida un de ses esclaves à se charger d’une lettre. Sa qualité de Gaulois lui permit de passer inaperçu et d’avertir le général du danger que courait Cicéron.

César reçut cet avis à Amiens, vers la onzième heure du jour (quatre heures du soir) ; il n’avait à sa portée que trois légions : celle de Trebonius, à Amiens ; celle de M. Crassus, dont les quartiers étaient à Montdidier, chez les Bellovaques, à vingt-cinq milles de distance ; enfin celle qui, sous C. Fabius, hivernait chez les Morins, à Saint-Pol[2]. (Voir planche 14.) Il expédia à Crassus un courrier chargé de lui porter l’ordre de partir avec sa légion au milieu de la nuit, et de le rejoindre en toute hâte à Amiens pour y relever la légion de Trebonius. Un autre courrier fut envoyé au lieutenant C. Fabius pour l’inviter à mener sa légion sur le territoire des Atrébates, que César devait traverser, et où leur jonction s’opérerait. Il écrivit de même à Labienus de marcher avec sa légion vers le pays des Nerviens, s’il le

  1. Dion Cassius, XL, viii.
  2. Il nous a semblé que le mouvement de concentration de César et de Fabius ne permettait pas de placer les quartiers d’hiver de ce dernier à Thérouanne ou à Montreuil-sur-Mer, avec la plupart des auteurs. Ces localités sont trop éloignées de la route d’Amiens à Charleroy pour que Fabius eut pu rejoindre César sur le territoire des Atrébates, comme l’exige le texte des Commentaires. Nous plaçons, par cette raison, Fabius à Saint-Pol.