Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/225

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pouvait sans péril. Quant à la légion de Roscius et à celle de Plancus, qui étaient plus éloignées, elles restèrent dans leurs cantonnements.

Aussitôt les ordres reçus, Crassus se mit en route ; le lendemain, vers la troisième heure (dix heures), ses coureurs annoncèrent son approche. César le laissa à Amiens, avec une légion pour garder les bagages de l’armée, les otages, les archives et les approvisionnements de l’hiver. Il partit aussitôt lui-même, sans attendre le reste de l’armée, avec la légion de Trebonius et quatre cents cavaliers des quartiers voisins. Il suivit sans doute la direction d’Amiens à Cambrai, et fit ce jour-là vingt milles (30 kilom.). Il fut ensuite rejoint probablement vers Bourcies, entre Bapaume et Cambrai, par Fabius, qui n’avait pas perdu un instant pour exécuter ses ordres. Sur ces entrefaites arriva la réponse de Labienus. Il faisait connaître à César les événements survenus chez les Éburons et leur effet chez les Trévires. Ces derniers venaient de se soulever. Toutes leurs troupes s’étaient avancées vers lui et l’entouraient à trois milles de distance. Dans cette position, craignant de ne pouvoir résister à des ennemis fiers d’une récente victoire, qui prendraient son départ pour une fuite, il pensait qu’il y aurait péril à quitter ses quartiers d’hiver.

César approuva la résolution de Labienus, quoiqu’elle réduisît à deux les trois légions sur lesquelles il comptait, et, bien que, réunies, leur effectif ne s’élevât pas à plus de 7 000 hommes, comme le salut de l’armée dépendait de la célérité des mouvements, il se rendit à marches forcées chez les Nerviens ; là il apprit des prisonniers dans quelle situation périlleuse se trouvait Cicéron. Aussitôt il engagea, par la promesse de larges récompenses, un cavalier gaulois à lui porter une lettre : elle était écrite en grec[1], afin que

  1. Il y a dans les Commentaires græcis conscriptam litteris ; mais Polyen et Dion-Cassius affirment que la lettre était écrite en langue grecque.