Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/226

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l’ennemi, s’il l’interceptait, ne pût en connaître le sens. De plus, dans le cas où le Gaulois ne pourrait pas parvenir jusqu’à Cicéron, il lui avait été recommandé d’attacher cette lettre à l’amentum (Voir page 34, note 2) de son javelot et de le lancer par-dessus les retranchements. César écrivait qu’il arrivait en toute hâte avec ses légions, et il exhortait Cicéron à persévérer dans son énergique défense. D’après Polyen, la dépêche contenait ces mots : θαῤῥεῖν, βοήθειαν προσδέχου (Courage ! attends du secours)[1]. Une fois près du camp, le Gaulois, n’osant y pénétrer, exécuta ce qu’on lui avait prescrit. Le hasard voulut que son javelot restât deux jours fiché dans une tour. Le troisième seulement il fut aperçu et porté à Cicéron. La lettre, lue en présence des soldats assemblés, excita des transports de joie. Bientôt on découvrit au loin la fumée des habitations incendiées qui annonçait l’approche de l’armée de secours. Elle arrivait en ce moment, après cinq jours de marche, à vingt kilomètres de Charleroy près de Binche, où elle campa. Les Gaulois, en étant informés par les éclaireurs, levèrent le siège, et, au nombre de 60 000 environ, marchèrent à la rencontre des légions.

Cicéron, ainsi dégagé, envoya un autre Gaulois annoncer à César que l’ennemi tournait toutes ses forces contre lui. À cette nouvelle, reçue vers le milieu de la nuit, César prévint ses soldats et les affermit dans leur désir de vengeance. Le lendemain, au point du jour, il leva son camp. Après avoir parcouru quatre milles, il aperçut une foule d’ennemis au delà d’une grande vallée traversée par le ruisseau de la Haine[2]. César ne crut pas prudent de descendre

  1. Polyen, Stratagèmes, VIII, xxiii, 6.
  2. Nous admettons que Cicéron campait à Charleroy : tout concourt à justifier cette opinion. Charleroy est situé sur la Sambre, près de la voie romaine d’Amiens à Tongres (Aduatuca), et, comme l’exige le texte latin, à cinquante milles de cette dernière ville. De la partie haute de Charleroy, où le camp fut