Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/228

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des retranchements, que, jusqu’à la troisième heure (dix heures), tout Gaulois ou Romain qui passerait de leur côté aurait la vie sauve. Enfin, n’espérant pas pouvoir forcer les portes, qu’ils croyaient solidement fortifiées, ils poussèrent l’audace au point de combler le fossé et d’arracher les palissades avec leurs mains. Mais César tenait ses troupes prêtes à profiter de l’excès de confiance des Gaulois : à un signal donné, elles s’élancent par toutes les portes à la fois ; l’ennemi ne résiste pas, il fuit, abandonnant ses armes, et jonche le terrain de ses morts.

César ne le poursuivit pas au loin, à cause des bois et des marais ; il n’eût d’ailleurs pu lui faire éprouver de nouvelles pertes ; il se dirigea avec ses troupes intactes vers le camp de Cicéron, où il arriva le même jour[1]. Les tours, les galeries couvertes, les retranchements des barbares, excitèrent son étonnement. Ayant réuni les soldats de la légion de Cicéron, dont les neuf dixièmes étaient blessés, il put juger combien ils avaient couru de périls et déployé de courage. Il combla d’éloges le général et les soldats, s’adressant individuellement aux centurions, aux tribuns, qui s’étaient signalés. Les prisonniers lui donnèrent de plus amples détails sur la mort de Sabinus et de Cotta, dont la catastrophe avait produit dans l’armée une impression profonde. Le lendemain, il rappelle, devant les troupes convoquées,

  1. D’Amiens à Charleroy il y a 170 kilomètres. César a dû déboucher sur le territoire des Nerviens, vers Cambrai, le matin du troisième jour, compté depuis le départ d’Amiens, après avoir parcouru 90 kilomètres. Il envoie à l’instant même le cavalier gaulois à Cicéron. Ce cavalier a 80 kilomètres à faire. Il peut n’y employer que huit à neuf heures et arriver dans l’après-midi du troisième jour. Il lance son javelot, qui reste fiché le troisième et le quatrième jour. Le cinquième jour, on le découvre, et on aperçoit alors la fumée des incendies. César arrivait donc le cinquième jour (à raison de 30 kilomètres par étape) à Binche, à 20 kilomètres de Charleroy. Cette ville est sur un mamelon assez élevé, d’où la fumée pouvait s’apercevoir. Le siège dura environ quinze jours.