Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/239

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était entré en rapports d’amitié par l’entremise des Trévires. César conçut le projet de parer d’abord à ces deux éventualités, afin d’isoler Ambiorix. Voulant, avant tout, soumettre les Ménapiens et les Trévires, et porter la guerre à la fois chez ces deux peuples, il se réserva l’expédition des Ménapiens, et confia celle des Trévires à Labienus, son meilleur lieutenant, qui, à plusieurs reprises, avait opéré contre eux. Labienus, après sa victoire sur Indutiomare, avait continué à hiverner avec sa légion à Lavacherie sur l’Ourthe[1]. César lui envoya tous les bagages de l’armée et deux légions. De sa personne, il marcha vers le pays des Ménapiens à la tête de cinq légions sans bagages. Il emmena avec lui Cavarinus et la cavalerie sénonaise, dans la crainte que le ressentiment de ce roi contre son peuple, ou la haine qu’il s’était attirée, n’excitât quelques troubles, et, en suivant la direction générale de Sens, Soissons, Bavay, Bruxelles, il atteignit la frontière des Ménapiens. Ceux-ci, se fiant à la nature des lieux, n’avaient point rassemblé de forces ; ils se réfugièrent dans les bois et les marais. César partagea ses troupes avec le lieutenant C. Fabius et le questeur M. Crassus, en forma trois colonnes, et, faisant construire à la hâte des ponts pour traverser les cours d’eau marécageux, pénétra par trois endroits dans le pays, qu’il ravagea. Les Ménapiens, réduits aux abois, demandèrent la paix : elle leur fut accordée à la condition expresse que tout asile serait refusé

  1. Les Commentaires, après nous avoir fait connaître (V, xxiv) que Labienus s’établit chez les Rèmes aux confins du pays des Trévires, donnent à entendre ensuite qu’il campait chez les Trévires, où il avait passé l’hiver. « Labienum cum una legione, quæ in eorum finibus hiemaverat. » (VI, vii). Nous croyons, avec certains auteurs, que la contrée où il campait était, soit à la limite des deux pays, soit un terrain dont les Rèmes et les Trévires se disputaient la possession. N’est-il pas évident d’ailleurs que, après la catastrophe d’Aduatuca et le soulèvement des peuples entraînés par Ambiorix, tout commandait à Labienus de ne pas s’engager plus avant dans un pays hostile, en s’éloignant des autres légions ?