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Le Jura, séparé des Vosges par la trouée de Belfort, se dresse comme une barrière dans l’intervalle que laissent entre eux le Rhin et le Rhône, empêchant jusqu’à Lyon les eaux de ce dernier fleuve de s’unir à celles de la Saône.

Les Cévennes, les monts d’Auvergne et du Forez forment, au centre méridional de la Gaule, comme une citadelle dont le Rhône serait l’avant-fossé. Les arêtes de ce groupe de montagnes partent d’un centre commun, prennent des directions opposées, et dessinent les vallées d’où sortent, au nord, l’Allier et la Loire ; à l’ouest, la Dordogne, le Lot, l’Aveyron et le Tarn ; au sud, l’Ardèche, le Gard et l’Hérault.

Les vallées, arrosées par des rivières navigables, offraient, grâce à la fécondité de leur sol et à leur accès facile, des voies naturelles de communication, favorables au commerce et à la guerre. Au nord, la vallée de la Meuse ; à l’est, la vallée du Rhin, conduisant à la vallée de la Saône, et, de là, à celle du Rhône, étaient les grandes voies suivies par les armées pour envahir le sud. Aussi Strabon remarque-t-il avec raison que la Séquanie (Franche-Comté) a toujours été le chemin des invasions germaniques de la Gaule en Italie[1]. De l’est à l’ouest, la chaîne principale de partage des eaux pouvait être aisément traversée dans ses parties les moins élevées, telles que le plateau de Langres, et les montagnes du Charolais, qui, depuis, offrirent un passage au canal du Centre. Enfin, pour pénétrer de l’Italie dans la Gaule, les grandes lignes d’invasion étaient la vallée du Rhône et la vallée de la Garonne, par lesquelles on tourne le pâté montagneux des Cévennes, de l’Auvergne et du Forez.

La Gaule présentait cette même opposition de climats qu’on observe entre le nord et le midi de la France. Tandis que la Province romaine jouissait d’une douce température et d’une

  1. Strabon, IV, iii, p. 160.