Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/29

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extrême fertilité[1], la partie centrale et septentrionale était couverte de vastes forêts qui en rendaient le climat plus froid qu’il ne l’est aujourd’hui[2] ; cependant le centre produisait abondamment du blé, du seigle, du millet et de l’orge[3]. De toutes ces forêts la plus grande était celle des Ardennes. Elle s’étendait, à partir du Rhin, sur un espace de deux cents milles, d’un côté jusqu’à la frontière des Rèmes, en traversant le pays des Trévires, et, d’un autre côté, jusqu’à l’Escaut à travers le pays des Nerviens[4]. Les Commentaires parlent aussi de forêts qui existaient soit chez les Carnutes[5], soit près de la Saône[6], ou chez les Ménapiens[7], les Morins[8],

  1. La Narbonnaise rappelle aux Romains le climat et les productions de l’Italie (Strabon, IV, i, p. 147).
  2. Pomponius Mela, qui a rédigé au Ier siècle, d’après les anciens auteurs, une géographie abrégée, dit que la Gaule était riche en blé, en pâturages, et couverte d’immenses forêts : « Terra est frumenti præcipue ac pabuli ferax, et amœna lucis immanibus. » (De situ orbis, III, ii. – Guerre des Gaules, I, xvi). — L’hiver était précoce dans le nord de la Gaule (Guerre des Gaules, IV, xx). De là l’expression proverbiale à Rome hiems Gallica (Pétrone, Sat., xix. — Strabon, IV, p. 147-161). Voy. le mémoire à l’Académie des inscriptions et belles-lettres sur les forêts de la Gaule, par M. Alfred Maury.
  3. Strabon, IV, p. 147. — Diodore de Sicile, V, xxvi.
  4. César, après avoir dit (V, iii) que la forêt des Ardennes s’étendait depuis le Rhin jusqu’à la frontière des Rèmes, ad initium Remorum, ajoute (VI, xxix) qu’elle allait aussi jusque vers les Nerviens, ad Nervios. Néanmoins, d’après le chapitre xxxiii du livre VI, nous croyons que cette forêt s’étendait, à travers le pays des Nerviens, jusqu’à l’Escaut. Comment, d’ailleurs, César aurait-il assigné à la forêt des Ardennes une longueur de 500 milles si elle s’était arrêtée à la frontière orientale des Nerviens ? Ce chiffre est, en tous cas, exagéré, car il n’y a du Rhin (à Coblentz) jusqu’à l’Escaut, vers Gand et Anvers, que 300 kilomètres, c’est-à-dire 200 milles.
  5. Guerre des Gaules, VIII, v.
  6. « Citra flumen Ararim… reliqui sese fugæ mandarunt atque in proximas silvas abdiderunt. » (Guerre des Gaules, I, xii).
  7. « Menapii propinqui Eburonum finibus perpetuis paludibus silvisque muniti. » (Guerre des Gaules, VI, v).
  8. « (Morini et Menapii)… silvas ac paludes habebant, eo se suaque contulerunt. » (Guerre des Gaules, III, xxviii).