Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/313

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Cet oppidum semblait ne pouvoir être réduit que par un investissement complet. Les troupes gauloises couvraient, au pied de la muraille, tous les versants de la partie orientale de la montagne ; elles y étaient protégées par un fossé et par un mur en pierre sèche de six pieds d’élévation. César établit ses camps dans des positions favorables, l’infanterie sur les hauteurs, la cavalerie près des cours d’eau. Ces camps et vingt-trois redoutes ou blockhaus[1] formaient une ligne d’investissement de 11 000 pas (16 kil.)[2]. Les redoutes étaient occupées le jour par de petits postes pour empêcher toute surprise ; la nuit de forts détachements y bivouaquaient.

Les travaux étaient à peine commencés qu’il se livra un combat de cavalerie dans la plaine des Laumes. L’engagement fut très-vif de part et d’autre. Les Romains fléchissaient, quand César envoya les Germains à leur aide et mit les légions en bataille devant les camps, afin que l’infanterie de l’ennemi, tenue en respect, ne pût aller au secours de sa cavalerie. Celle des Romains reprit confiance en se voyant appuyée par les légions. Les Gaulois, forcés de fuir, s’embarrassèrent par leur propre nombre et se pressèrent aux ouvertures, trop étroites, laissées à la muraille de pierre sèche. Poursuivis avec acharnement par les Germains jusqu’aux fortifications, les uns furent tués, les autres, abandonnant leurs chevaux, essayèrent de traverser le fossé et de franchir le mur. César alors fit avancer un peu les légions

    de créer, comme à Gergovia, de vastes abreuvoirs pour les bestiaux. On voit d’ailleurs sur le plateau des traces manifestes d’un grand nombre de puits, de sorte qu’il est évident que l’eau n’a jamais manqué aux assiégés, sans compter qu’ils ont toujours pu descendre jusqu’aux deux rivières.

  1. Nous croyons que ces castella étaient des redoutes palissadées ayant un réduit semblable aux blockhaus en bois représentés sur la colonne Trajane ; souvent même ces réduits composaient à eux seuls le castellum.
  2. Ce n’était pas, comme on le remarquera, la contrevallation qui avait 11 000 pas d’étendue, mais la ligne d’investissement.