Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/366

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Quant aux autres barbares, à l’exception de 6 000 qui avaient voulu se soustraire par la fuite à la capitulation, il les oblige à retourner dans leur pays, les renvoie sans rançon, au lieu de les vendre comme esclaves et d’en tirer ainsi un profit considérable[1], selon l’usage général à cette époque. En empêchant les Germains de s’établir dans les contrées abandonnées par l’immigration, il subordonnait un calcul intéressé à une haute pensée politique, et prévoyait que l’Helvétie, par sa position géographique, devait être un boulevard contre l’invasion du Nord, car, alors comme aujourd’hui, il importait à la puissance assise sur le Rhône et les Alpes d’avoir sur ses frontières orientales un peuple ami et indépendant[2].


Campagne contre Arioviste.

III. La victoire remportée près de Bibracte a, d’un seul coup, rétabli le prestige des armes romaines. César est devenu l’arbitre des destinées d’une partie de la Gaule : tous les peuples compris entre la Marne, le Rhône et les monts d’Auvergne lui obéissent[3]. Les Helvètes sont rentrés dans leur pays, les Bourguignons ont reconquis leur ancienne prépondérance. L’assemblée de la Gaule celtique, réunie avec sa permission à Bibracte, invoque sa protection contre Arioviste, et, jusque dans le nord, les habitants du pays de Trèves s’empressent de lui dénoncer une prochaine invasion des Germains. Il avait toujours été dans la politique de la République d’étendre son influence en allant au secours des

  1. Cicéron, proconsul en Cilicie, retira la somme de 12 millions de sesterces (2 280 000 fr.) de la vente des prisonniers faits au siège de Pindenissus (Cicéron, Lettres à Atticus, V, xx.)
  2. Julien (Cæsares, p. 72, éd. Lasius) fait dire à César qu’il avait traité les Helvètes en philanthrope et reconstruit leurs villes brûlées.
  3. C’est probablement à cette époque que les chefs de l’Auvergne, et peut-être Vercingetorix lui-même, ainsi que le dit Dion-Cassius, vinrent rendre hommage au proconsul romain. (Voyez ci-dessus, page 74.)