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Manœuvres de Pompée et de Crassus pour arriver au consulat.

VII. D’après ce qui précède, évidemment l’impopularité ne s’attachait pas à César, mais aux moyens employés par Crassus et par Pompée afin d’obtenir le consulat.

Ils se servaient de Caius Caton, parent du stoïcien, et d’autres hommes aussi peu estimables, pour faire retarder l’époque des comices et amener la création d’un interroi[1], nomination qui eût rendu leur élection plus facile, puisque les consuls, présidents ordinaires de l’assemblée du peuple, leur étaient opposés.

Les récits sur les événements de cette époque offrent une grande confusion. Dion-Cassius nous apprend qu’à la suite de violentes discussions dans la curie, entre Pompée, récemment revenu de Sardaigne, et le consul Marcellinus, le sénat, en signe de mécontentement, décréta qu’il prendrait le deuil, comme pour une calamité publique, et le prit aussitôt. Caius Caton opposa son veto. Alors le consul Cn. Marcellinus, à la tête du sénat, se rendit au forum, harangua le peuple pour lui demander des comices, sans succès probablement, puisque les sénateurs rentrèrent immédiatement dans le lieu de leurs séances. Clodius, qui depuis la conférence de Lucques s’était rapproché de Pompée, survint tout à coup dans la foule, interpella vivement le consul, et le railla de cet appareil de deuil intempestif. Sur la place publique Clodius devait enlever aisément l’approbation de la multitude ; mais, ayant voulu retourner au sénat, il éprouva la plus vive opposition. Les sénateurs se précipitèrent à sa rencontre pour l’empêcher d’entrer ; beaucoup de chevaliers l’accablèrent d’injures ; ils lui eussent fait un mauvais parti, si la populace ne fût accourue à son aide et ne l’eût dégagé, en menaçant de livrer aux flammes l’assemblée tout entière[2].

  1. Dion-Cassius, XXXIX, xxvii.
  2. Dion-Cassius, XXXIX, xxix.