Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/415

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rien. Après avoir eux-mêmes si souvent violé la légalité et corrompu les élections, ils voulurent remédier au mal, qu’ils avaient contribué à aggraver, en proposant des mesures sévères contre la corruption ; ce tardif hommage rendu à la morale publique devait rester sans effet, comme l’avaient été tous les remèdes employés jusqu’alors.


Loi somptuaire de Pompée.

VI. Ils cherchèrent à réprimer le luxe par une loi somptuaire, mais un discours d’Hortensius suffit pour la faire rejeter. L’orateur, après un brillant tableau de la grandeur de la République et des progrès de la civilisation, dont Rome était le centre, se mit à louer les consuls de leur magnificence et du noble usage qu’ils faisaient de leurs immenses richesses[1]. Et, en effet, alors même Pompée faisait construire le théâtre qui porta son nom, et donnait des jeux publics où il semblait vouloir surpasser les somptuosités des plus prodigues courtisans du peuple romain[2]. Dans ces jeux, qui durèrent plusieurs jours, cinq cents lions et dix-huit éléphants furent tués. Ce spectacle émerveilla la foule ; mais on remarqua que, ordinairement insensible à la mort des gladiateurs qui expiraient sous ses yeux, elle s’attendrit aux cris de douleur des éléphants. Cicéron, qui assista à ces fêtes, met, dans le récit qu’il adresse à un de ses amis, les hommes et les bêtes sur le même rang, et ne témoigne pas plus de regrets pour les uns que pour les autres, tant le sentiment de l’humanité était encore peu développé[3].

La splendeur de ces jeux avait ébloui Rome et l’Italie, et rendu à Pompée une partie de son prestige ; mais les levées de troupes qu’il fut obligé de prescrire, peu de temps après, causèrent un vif mécontentement. Plusieurs tribuns opposè-

  1. Dion-Cassius, XXXIX, xxxvii.
  2. Dion-Cassius, XXXIX, xxxviii.
  3. Cicéron, Lettres familières, VII, i.