Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/442

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L’armée des Parthes était donc uniquement composée de cavaliers, les uns bardés de fer, ainsi que leurs chevaux[1], armés de lances longues et pesantes ; les autres munis d’arcs puissants dont les flèches, d’une plus grande portée que celles des Romains, perforaient les armes défensives.

Après avoir quitté la ville de Carrhes, l’armée romaine s’avançait vers le sud à travers le désert. Les sables, la chaleur rendaient la marche pénible, et l’ennemi restait toujours invisible. Enfin, arrivée au bord d’une petite rivière, le Balissus (Belick), qui se jette dans l’Euphrate, elle aperçut quelques cavaliers parthes. Abgar, envoyé en reconnaissance contre eux avec une avant-garde, ne revint pas. Le traître avait livré Crassus à Surena. Le proconsul, impatient et inquiet, franchit alors le Balissus avec toute son armée, et, sans la laisser reposer, il pousse en avant sa cavalerie ; et force l’infanterie à la suivre.

Bientôt quelques soldats viennent apprendre à Crassus qu’ils ont seuls pu échapper à l’embuscade dans laquelle est tombée son avant-garde, et que toute l’armée des Parthes marche à sa rencontre. À cette nouvelle, lui, qui croyait que l’ennemi n’oserait pas l’attendre, se trouble et range à la hâte ses troupes en bataille sur un front étendu, de crainte d’être enveloppé. La cavalerie est sur les ailes ; les Osroènes forment une dernière ligne. Les Parthes lancent d’abord leur cavalerie légère, qui tourbillonne dans la plaine en soulevant des nuages de poussière, font retentir l’air de cris sauvages et du bruit des tambours[2], puis se retirent comme s’ils fuyaient[3]. Crassus fait sortir contre eux son infanterie légère ; mais, entourée et accablée par les armes de jet plus

  1. « Munimentum ipsis equisque loricæ plumatæ sunt, quæ utrumque toto corpore tegunt. » (Justin, XLI, ii.)
  2. « Signum in prœlio non tuba, sed tympano datur. » (Justin, XLI, ii.)
  3. « Fidentemque fuga Parthum versisque sagittis. » (Virgile, Géorq. III, v. 31.)