Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/443

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puissantes des Parthes, elle est obligée de se réfugier derrière les légions.

Tout à coup les Osroènes qu’Abgar n’avait pas emmenés avec lui attaquent les Romains par derrière[1], et en même temps apparaissent, resplendissant au soleil, les lignes étendues des cavaliers cuirassés. Crassus forme alors son armée en carré. Chaque face est composée de douze cohortes, le reste est en réserve. La cavalerie et l’infanterie légère, partagées en deux corps, flanquent deux côtés opposés du carré[2]. Publius et Cassius commandent, l’un la droite, l’autre la gauche. Crassus se place au centre[3]. La grosse cavalerie, la lance en arrêt, charge le grand carré romain et tente de l’enfoncer ; mais les rangs épais et serrés des légions lui opposent une résistance invincible. Les Parthes reculent à une certaine distance et rappellent leurs nombreux archers, puis, tous ensemble, ils reviennent en ligne et font pleuvoir sur les masses profondes des Romains une grêle de traits dont aucun ne manque son but. Les légionnaires, s’ils restent de pied ferme, ont le désavantage avec leurs pilums et leurs frondes à petite portée, et, s’ils s’avancent pour se servir de leurs épées, ils perdent cette cohésion qui fait leur force. Immobiles, se défendant à peine, ils voient leur nombre diminuer sans se décourager : ils espèrent que bientôt l’ennemi aura épuisé ses munitions. Mais les rangs des Parthes se succèdent les uns aux autres ;

  1. « Les Osroènes, placés derrière les Romains, qui leur tournaient le dos, les frappèrent là où leurs membres découverts donnaient prise, et rendirent plus facile leur destruction par les Parthes. » (Dion-Cassius, XL, xxii.)
  2. L’armée était composée de sept légions, mais quelques troupes avaient été laissées à Carrhes. Le carré était composé de quarante-huit cohortes, ou près de cinq légions ; le reste était probablement en réserve dans le carré. Les 4 000 hommes de cavalerie et les 4 000 hommes d’infanterie légère étaient probablement répartis par moitié à droite et à gauche du grand carré, qui devait avoir environ mille mètres de côté.
  3. Plutarque, Crassus, xxviii.