Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/463

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Les événements survenus à Rome donnaient à penser aux Gaulois que César serait retenu en Italie ; une formidable insurrection s’organise alors parmi eux. Tous les différents peuples se concertent et se coalisent. Les provinces occupées militairement par les légions, ou intimidées par leur voisinage, restent seules étrangères à l’agitation générale. L’Orléanais, le premier, donne le signal : les citoyens romains sont égorgés à Gien ; le Berry et l’Auvergne se joignent à la ligue, et bientôt, depuis la Seine jusqu’à la Gironde, depuis les Cévennes jusqu’à l’Océan, tout le pays est en armes. Comme un chef ne manque jamais de se révéler lorsque éclate un grand mouvement national, Vercingetorix apparaît, se met à la tête d’une guerre d’indépendance, et, pour la première fois, proclame cette vérité, empreinte de grandeur et de patriotisme : Si la Gaule sait être unie et devenir une nation, elle peut défier l’univers. Tous répondent à son appel.

Les peuples divisés naguère par les rivalités, les coutumes, la tradition, oublient leurs griefs réciproques et se réunissent à lui. L’oppression étrangère forme les nationalités bien plus que la communauté d’idées et d’intérêts. Vercingetorix avait-il autrefois, comme tant d’autres, courbé le front sous la domination romaine ? Dion-Cassius est le seul historien qui le dise. Quoi qu’il en soit, il se montre, dès l’année 702, le ferme et intrépide adversaire des envahisseurs. Son plan est aussi hardi que bien combiné : créer au cœur de la Gaule un grand centre d’insurrection protégé par les montagnes des Cévennes et de l’Auvergne ; de cette forteresse naturelle jeter ses lieutenants sur la Narbonnaise, d’où César ne pourra plus tirer ni secours ni ravitaillement ; empêcher même le retour du général romain à son armée ; attaquer séparément les légions privées de leur chef, insurger le centre de la Gaule et détruire l’oppidum des Boïens, de ce petit peuple, débris de la défaite des Helvètes, placé