Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/471

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Aussi, tout en honorant la mémoire de Vercingetorix, il ne nous est pas permis de déplorer sa défaite. Admirons l’ardent et sincère amour de ce chef gaulois pour l’indépendance de son pays, mais n’oublions pas que c’est au triomphe des armées romaines qu’est due notre civilisation ; institutions, mœurs, langage, tout nous vient de la conquête. Aussi sommes-nous bien plus les fils des vainqueurs que ceux des vaincus, car, pendant de longues années, les premiers ont été nos maîtres pour tout ce qui élève l’âme et embellit la vie, et, lorsque enfin l’invasion des barbares vint renverser l’ancien édifice romain, elle ne put pas en détruire les bases. Ces hordes sauvages ne firent que ravager le territoire, sans pouvoir anéantir les principes de droit, de justice, de liberté, qui, profondément enracinés, survécurent par leur propre vitalité, comme ces moissons qui, courbées momentanément sous les pas des soldats, se relèvent bientôt d’elles-mêmes et reprennent une nouvelle vie. Sur ce terrain ainsi préparé par la civilisation romaine, l’idée chrétienne put facilement s’implanter et régénérer le monde.

La victoire remportée à Alesia fut donc un de ces événements suprêmes qui décident de la destinée des peuples.

C’est vers la fin de ce troisième consulat de Pompée que durent arriver à Rome les licteurs portant, suivant la coutume, avec les faisceaux couronnés de lauriers, les lettres annonçant la reddition d’Alise. L’aristocratie dégénérée, qui mettait ses rancunes au-dessus des intérêts de la patrie, eût mieux aimé sans doute recevoir la nouvelle de la perte des armées romaines que de voir César grandir encore par de nouveaux succès ; mais l’opinion publique força le sénat de célébrer les victoires remportées au mont Auxois ; il ordonna des sacrifices pendant vingt jours ; bien plus, le peuple, pour témoigner son allégresse, en tripla la durée[1].

  1. Dion-Cassius, XI, l.