Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/478

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magistrature, l’opposition la plus vive et la plus haineuse. À peine ses fonctions sont-elles expirées qu’on tente contre lui une accusation à laquelle il n’échappe que par le privilège attaché à l’imperium. Dans son entrevue, non loin du Rhin, avec Arioviste, il apprend que les grands de Rome ont promis leur amitié à ce roi germain si, par la mort, il les délivre de leur ennemi. Ses victoires, qui transportent d’enthousiasme le peuple, trouvent dans l’aristocratie romaine des envieux et des détracteurs. On cherche à rabaisser ses expéditions au delà de la mer comme au delà du Rhin. En 701, la nouvelle parvient à Rome de la défaite des peuplades germaines qui de nouveau menaçaient la Gaule d’invasion : Caton, sous prétexte que César n’a pas observé la trêve, demande qu’on livre aux barbares le chef glorieux des légions de la République.

Pendant la dernière campagne contre les Beauvaisins, ses adversaires se réjouissent des faux bruits répandus sur ses opérations militaires ; ils racontent tout bas, sans cacher leur contentement, qu’il est entouré par les Gaulois, qu’il a perdu sa cavalerie et que la 7e légion a été presque anéantie[1]. Dans le sénat, Clodius, Rutilius Lupus, Cicéron, Ahenobarbus et les deux Marcellus proposent tour à tour, soit de révoquer les actes de son consulat, soit de le remplacer comme gouverneur des Gaules, soit enfin de réduire son commandement. Les partis politiques ne désarment jamais, pas même devant la gloire nationale.


S. Sulpicius Rufus et M. Claudius Marcellus, consuls

III. Les deux factions qui divisaient la République avaient chacune, en 703, leur adhérent dans le consulat. Servius Sulpicius Rufus, jurisconsulte en renom, passait pour être attaché à César ; M. Claudius Marcellus était son ennemi

  1. « Tout cela, écrit Cœlius à Cicéron, ne se dit pas en public, mais en secret, dans le petit cercle que vous connaissez bien, sed inter paucos quos tu nosti palam secreto narrantur » (Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, i.)