Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déclare ennemi de la République, parce qu’il est encore à la tête de ses soldats, et décrète contre lui des mesures extrêmes[1].

Mais la discussion entre le sénat et César ne portait pas sur le terme de son commandement. César se présentait aux comices consulaires de l’année 705. Une loi, soumise au peuple par les dix tribuns, appuyée par Pompée et Cicéron, lui avait permis de briguer cette charge quoique absent[2]. Cette loi aurait été sans objet si elle n’eût impliqué l’autorisation pour César de conserver son armée jusqu’à l’époque des élections consulaires. Certains auteurs pensent même que ce droit devait être formellement réservé dans la loi. L’Épitome de Tite-Live dit en effet que, d’après la loi, il devait garder son commandement jusqu’au temps de son second consulat[3]. De son côté, Cicéron écrit à Atticus que le meilleur argument pour refuser à César absent la faculté de briguer le second consulat, c’est qu’en la lui accordant on lui reconnaît du même coup le droit de garder sa province et son armée[4]. Cet avantage, César l’appelle benefecium populi[5], et, quand il se plaignait qu’on lui enlevât six mois de son commandement, il comptait le temps qui devait s’écouler du 1er janvier 705 au mois de juillet, époque des comices consulaires[6].

Néanmoins César avait un grand intérêt à garder son

  1. César, Guerre civile, I, v.
  2. « J’ai lutté pour qu’on tînt compte à César de son absence. Ce n’était pas pour le favoriser ; c’est pour l’honneur d’une décision du peuple provoquée par le consul lui-même. » (Cicéron, Lettres familières, VI, vi.)
  3. Tite-Live, Epitome, CVIII.
  4. « Sed quum id datum est, illud una datum est. » (Lettres à Atticus, VII, vii.)
  5. « Doluisse se, quod populi romani beneficium sibi per contumeliam ab inimicis extorqueretur, erepto semestri imperio in Urbem retraheretur. » (César, Guerre civile, I, ix.)
  6. Voyez, sur l’époque des comices, Cicéron, Lettres à Atticus, III, xiii ; Lettres familières, VIII, iv.