Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/505

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renseignements, car non-seulement, comme on le verra, les troupes restées sous le commandement de César lui demeurèrent fidèles, mais celles qui lui avaient été retirées conservèrent le souvenir de leur ancien général. En effet Pompée lui-même n’avait nulle confiance dans les deux légions qu’il avait reçues, et sa lettre à Domitius, proconsul au commencement de la guerre civile, explique son inaction par le danger de les mettre en présence de l’armée de César, tant il redoute de les voir passer dans le camp opposé[1]. À Rome, cependant, on croyait aux rapports qui flattaient les prétentions de Pompée, bien qu’ils fussent contredits par d’autres plus certains, montrant l’Italie, les provinces cisalpines, la Gaule même, comme également dévouées à César. Pompée, sourd à ces derniers avertissements, affectait le plus grand mépris pour les forces dont son adversaire pouvait disposer. À l’entendre, César se perdait, et n’avait d’autre chance de salut que dans une prompte et complète soumission. Quand on lui demandait avec quelles troupes il résisterait au vainqueur des Gaules, dans le cas où celui-ci viendrait à marcher sur Rome, il répondait d’un air confiant qu’il n’avait qu’à frapper du pied le sol de l’Italie pour en faire sortir des légions[2].

Il était naturel que sa vanité lui fît interpréter favorablement tout ce qui se passait sous ses yeux. À Rome, les plus grands personnages lui étaient dévoués. L’Italie avait tres-


    avec les légions mêmes de son ennemi, aussitôt qu’il paraîtrait, tant les soldats haïssaient César et désiraient de revoir Pompée. » (Plutarque, Pompée, lxi.)

  1. « Je voudrais me rapprocher de vous ; mais, je le dis à regret, je n’ose me fier aux deux légions… Il ne faut pas, sans les cohortes du Picenum, exposer les deux légions en présence de César. » (Lettre de Pompée à Domitius, proconsul. — Cicéron, Lettres à Atticus, VIII, xii.) — « Toutes mes ressources se réduisent à deux légions que Pompée a retenues d’une manière odieuse et dont il n’est pas plus sûr que d’étrangers. » (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, xiii.)
  2. Plutarque, Pompée, lxi.