Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/507

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les hommes retenus par la fortune dans les rangs inférieurs restent les fermes soutiens de la cause populaire. Ainsi, au retour de l’île d’Elbe, la plupart des généraux de l’empereur Napoléon, comblés de biens comme les lieutenants de César[1], marchaient ouvertement contre lui ; mais dans l’armée tous, jusqu’au grade de colonel, disaient, à l’exemple du centurion romain, en montrant leurs armes : « Voilà ce qui le remettra sur le trône. »


Le sénat vote avec impartialité.

IV. Un examen attentif de la correspondance entre M. Cœlius et Cicéron, ainsi que les récits des différents auteurs, donne la conviction qu’il fallut, à cette époque, de grands efforts de la part de la fraction turbulente du parti aristocratique pour entraîner le sénat contre César. Le censeur Appius, en faisant la revue de cette assemblée, nota Curion, c’est-à-dire voulut le rayer de la liste ; mais, sur les instances de son collègue et du consul Paulus, il se borna à exprimer un blâme formel et le regret de ne pouvoir faire justice. En l’entendant, Curion déchira sa toge et protesta avec la dernière vivacité contre une attaque déloyale. Le consul Marcellus, qui soupçonnait l’entente de Curion avec César, et qui comptait sur les dispositions du sénat, très-défavorables à l’un et à l’autre, mit en discussion la conduite du tribun. Tout en réclamant contre ce procédé illégal, Curion accepta ce débat et déclara que, fort de sa conscience, et certain d’avoir toujours agi dans les intérêts de la République, il remettait avec confiance son honneur et sa vie entre les mains du sénat. Il ne pouvait résulter de cette scène qu’un vote honorable pour Curion[2] ; mais bientôt cet incident fut abandonné, et la discussion s’engagea sur la situation politique. Marcellus posa d’abord cette question :

  1. « Approuvez-vous que Labienus et Mamurra aient amassé des richesses immenses ? » (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, vii.)
  2. Dion-Cassius, XL, lxiii, lxiv.